L’Amérique des banana split, les USA aux Cadillacs roses, les states à Fonzie.
Stand your ground, deuxième album de Little Barrie, fait immédiatement référence au rockabilly, au blues d’Amérique du Nord. Et pourtant, le trio de Nottingham est anglais jusqu’au bout des ongles.
Histoire de prendre encore une fois le contre-pied de l’Angleterre qui joue le rock pompier. Little Barrie plante donc le drapeau anglais bien profond dans les terres du crossroad pour un album qui colle au bitume chaud.
L’amour du détail aidant, l’auditeur attentif bloque d’entrée de jeu sur "Bailing out", petite pépite 60’ garage et blues, piquant ça et là les plans Hendrix sans vergogne. Guitare incisive, voix haut perchée, Little Barrie version 2007 est en forme.
Et le mastering de Dan the Automator parfait, car le producteur délaisse avec le trio de Notthingham ses passions hip-hop, en parvenant à insuffler à Little Barrie une énergie live sur l’ensemble de l’album. Une rage dans les guitares de Love you, single parfait, un swing, du groove dans l’instrumentation. Sans tirer la couverture vers la modernité, Stand your ground entre dans le 21ième siècle comme une Mustang au garage ; de justesse mais sans encombre. Sur le fil, et avec urgence.
Et "Pin that badge" tente la chevauchée folle, empruntant autant aux Stray Cats qu’aux Black Keys. Puis rendant au centuple avec une énergie folle, une alchimie parfaite entre la brutalité du live et la perfection d’un enregistrement studio. Jamie Cullum avait ouvert la voie de la démocratisation en apposant sa patte sur la musique noire, Little Barrie enfonce la porte à moitié ouverte en signant un Stand your Ground qui évoque le Jimmy Hendrix Experience, Muddy Waters, alors que les trois anglais sont blancs. Le temps ne semble plus aux ségrégations raciales de ce point de vue la.
Au final, ce deuxième album se remplit de guitares grasses à étaler sur du pain de mie. En mi majeur septième s’il vous plait. Vient le temps de 'Just wanna play', titre d’une langueur absolue où l’auditeur doit bien se sentir obliger de baisser les stores et tenter la séduction sur le partenaire. Tout n’est ici que sexe, transpiration et batterie qui suinte le coït.
Et la voix de Barrie, qui feule, qui miaule comme un tigre de l’outre-Manche, marque le point final qui rend l’album joyeux et jouissif, sans pathos ni lamentation mensongère. Stand your ground. Garde le cap camarade. |