Contes de tranchée écrits et mis en scène par Jean-François Maurier avec Gilles Berry.
Jean-François Maurier s’est penché sur l’univers des tranchées de la fameuse "der des ders" pour en rapporter ce qu’il nomme "des contes singuliers, des faits de récits et des portraits drolatiques", des petits bouts de vie sacrifiées.
Par touches impressionnistes et parfois avec avec un humour grinçant, cette ode au pacifisme donne une vraie leçon d’histoire qui, mieux que toutes les fresques patriotiques et commémorations larmoyantes, constituent un bel hommage aux obscurs, aux sans grade, ceux dont on loue le courage, "ce courage qu’on a quand on peut pas faire autrement", pour que "le p’tit jardin sus l’ventre" de leur dernière maison reste à jamais vivace et qu'ils ne sombrent pas dans le bourbier de l'oubli.
Car ils ont assez pataugé dans la boue, faits comme des rats dans leurs galeries pestilentielles affublés d’un inimaginable barda et d’une ration alimentaire ridicule. Mais il y avait la gnôle, celle qui fait tenir jusqu’au feu d’artifice final ou pour les plus chanceux au retour à l’arrière, même au prix d’amputation ou de gueules cassées, dans un monde dans lequel ils se sentiront à jamais étrangers.
Pas de décor ou presque, une image d’Epinal, le portrait souriant d’un poilu tiré à quatre épingles et une photo, celle d’un sous bois qui garde en mémoire la trace des "entonnoirs".
Rien d’autre que l’officiant, son air de clown triste, et la force des mots et l’implication du passeur.
Il nous présente Dédé, un autre lui-même, qui aimait raconter des blagues. Des blagues tristes et plutôt caustiques du temps de la boucherie de la Première guerre mondiale éclipsée par l’Holocauste de la seconde.
Avec un accent du terroir et un parler populaire, il témoigne de l’indicible, observant que c’est à peine croyable et qu’il comprend bien l’effarement incrédule de ceux qui sont à l’arrière de l’arrière.
L'officiant c'est Gilles Berry, admirable .
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