Oubliez Lily Allen. Brûlez les Pipettes (brûlez les bien). Oubliez tout. Voila déjà la relève. Quelques fois, lorsque la musique est bonne, il est bon de remplacer les stars d’hier par celles de demain en moins de trois mois.
Et à ce petit jeu des sorties promos, Noisettes s’avère être la meilleure nouvelle venue de Londres depuis le début de l’année. Mélange de trop d’influence, trop de hargne, pour qu’on ose les comparatifs.
Si. Un de tout de même. Noisettes fait penser à Led Zeppelin. Mais un Zeppelin qui aurait trop gonflé le ballon à hélium, montant trop haut, en danger permanent, prêt à s’écraser sur le premier building du vieux Londres. L’urgence dégagée par la voix charismatique de Shingai Shoniwa (chant, basse) est tellement bluffante qu’on en reste sur le cul la peau collée au plancher. On n’aurait presque pas entendu cela depuis le "Don’t speak" de No Doubt. Du temps que Gwen Stephani n’avait pas encore de poitrine. Ceci est une autre histoire.
Et "Scratch your name" est une ode au sexe, le triomphe assuré des guitares sur l’electro, la victoire temporaire du rock sur le reste des musiques. Il ne reste plus à ce stade, qu’à se jeter corps perdu dans la grandiloquence de ces guitares lourdes comme un sein naissant (ou comment revenir à Gwen Stephani par des voies détournées) qui sentent bon le Physical Graffiti du Zep’.
Mélange de blues et de pop, Noisettes pousse le bouton trop loin, trop fort, et surpasse de loin The Pigeon detectives ou Bromheads jacket dans la conquête du pouvoir londonien. Et donc européen.
Des titres comme "Scratch your name", Noisettes en possède plein dans son flycase. De "Sister Rosetta" à "The Count of Monte Christo", le trio anglais démontre une réelle maturité musicale, les faisant passer du punk à la pop millésimée en moins de trois accords, subtilement enchaînés grâce à la voix de Shingai.
Déluge de fuzz étourdissant sur "Bridge to Canada", alternant le bluegrass et le rock délibérément sauvage, renforcé par des chœurs sur lesquels Arcad Fire n’aurait sûrement pas craché. Il se dégage le même parfum à la sortie des premiers White Stripes. Du temps où Meg White ne savait pas encore jouer de la batterie. Pardon. Meg ne sait toujours pas jouer de la batterie. Noisettes semble pour le coup avoir bouffer du Jack White à tous les repas, car les compositions sentent le Screamin’ Jay Hawkins caché derrière The Bellrays.
Lecteur des Inrockuptibles, précipites toi sur cet album. Il fera la couverture de ton magazine préféré d’ici quelques semaines. Aussi sûr que What’s the time Mr Wolf est un excellent premier album qui avance gueule ouverte vers les charts.
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