Le Musée d'Art Moderne de la Vile de Paris présente, avec "Fleurs et questions" la première rétrospective française consacrée à Peter Fischli et David Weiss qui oeuvrent ensemble depuis 1979.
Ces quinquas helvètes au passé d'hippies punk sont restés de grands enfants dont la cour de récréation est le monde quotidien, qu'ils explorent déguisés en rat et en ours, pour en traquer le sens à coup de questions bien senties et en utilisant tous les modes d'expression, l'ensemble avec un certain sens de l'humour…suisse.
Dès lors parcours circonvolutionnaire de l'espace du musée dédié aux expositions temporaires convient bien à cette présentation qui ne revêt pas un aspect chronologique mais plutôt thématique en ce qu'elle regroupe des oeuvres selon leur récurrence artistique.
Une banalité inventive
Ils utilisent tous les médias de la photographie à la sculpture, de la vidéo aux installations et des matériaux inhabituels en les détournant de leur fonction première telles des denrées alimentaires comme la saucisse ("Le défilé de mode des saucisses" de la fameuse "Série des saucisses" qui date de 1979), les tranches de charcuteries ("Dans le magasin de tapis") et la carotte qui tient tête à la râpe ("Le triomphe de la carotte").
La série de sculptures en argile intitulée "Soudain cette vue d'ensemble" constituée de petites saynètes enfantines modelées en argile non cuite propose une drolatique "histoire encyclopédique du monde".
Un monde vu par le petit bout de la lorgnette : du Premier Poisson décidant d'aller sur la terre ferme au Lotissement moderne en passant par le fameux Mick Jagger et Brian Jones rentrant chez eux satisfait après avoir composé I can't get no satisfaction.
Le calme avant le chaos
Le public est fasciné par la vidéo "Le cours des choses" calquée sur la théorie des dominos qui met en place des d'objets détournés et agencés en équilibre précaire qui se trouvent animés par l'effet de phénomènes mécaniques, chimiques et physiques ce qui entraîne des réactions en chaîne.
Ce montage laborieux nécessite une grande cogitation préalable et de nombreuses tentatives comme le montre le making of du film pour donner l'illusion d'une fonction et d'une causalité réelle devant répondre à un objectif. Or cette "usine à gaz" ne sert à rien.
Toutefois, Ici, il semble bien y avoir une finalité de l'ordre de la métaphore puisque tout ces événements en chaîne aboutissent à la production d'une sorte de champignon atomique. Illustration de la théorie du chaos ? Du caractère dérisoire de la fonction assignée ? Des apparences trompeuses ?
Tout n'est équilibre instable avant la chute.
La série "Equilibre - Un après midi tranquille" procède de la même démarche. Fischli et Weiss s'emparent des objets quileur tombent sous la main pour construire des sculptures éphémères qui ne s'inscrivent dans l'espace que le temps de la prise de vue.
2 roues pour "L'invention", 3 pour "Le secret des pyramides", des bouteilles pour "Que devient l'homme au chagrin incessant ?", des chaises pour "Les hors-la-loi".
Mais qui est l'ours et qui est le rat ?
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