Texte de Samuel Becket dit par Sami Frey.
Quand tout a disparu et qu'il ne reste que les mots pour exprimer le dernier cri et évacuer l'indicible. Dans "Cap au pire", Samuel Beckett pousse l'exercice dans ses derniers retranchements avec une écriture circulaire, répétitive, ressassante, véritable défi à la syntaxe et à la grammaire. "Encore. Dire encore. Soit dit encore. Tant mal que pis encore. Jusqu'à plus mèche encore. Soit dit plus mèche encore".
Proche du délire des personnalités psychotiques, traduction en mots du balancement incessant des aliénés sous l'emprise de forces dont la raison n'a pas percé le mystère, ce texte, dont on peut se demander s'il devait être dit, est à la limite de l'audible.
L'officiant est Sami Frey, comédien charismatique à la voix fascinante, homme sombre dans un décor noir, sans extériorisation, qui tourne les pages du texte virtuel sur un ordinateur portable posé à ses pieds dont le rayonnement le pare d'un étrange halo.
La lecture prend des allures de grand messe réservée aux beckettophiles inconditionnels mais la performance artistique doit incontestablement être saluée. |