Comédie de Molière, mise en scène de Jean-Denis Monory, avec Julien Cigana, Mariline Gourdon/ Cécile Maudet, Lauri Lupi, Raphaël Beauville, Bénédicte Lavocat, Bastien Ossart /Olivier Martin Salvan, Christian Joubert, Ségolène Van Der Straten, Manuel De Grange et Florence Bolton.
"Le médecin malgré lui" de Molière, joyeuse farce ponctuée de belles bastonnades, est à la fois une satire des médecins, où on retrouve la circonspection de son auteur à l'encontre des adeptes du serment d’Hippocrate et une variation sur le thème du couple déclinée en triptyque, des époux querelleurs, aux époux résignés en passant par les amoureux.
C'est une des pièces les plus connues et les plus jouées de Molière et pourtant, dans le cadre du Festival Eclats Baroques qui se déroule du 3 avril au 3 juin 2007 au Théâtre du Ranelagh, la compagnie La Fabrique à théâtre, sous la direction artistique de Jean-Denis Monory, en propose une version tout à fait originale.
En effet, il ne s'agit pas moins de la version originale de la pièce jouée dans le respect de la pure tradition du théâtre baroque. Car "Le médecin malgré lui", savoureuse comédie, haute en couleurs et riche en personnages variés, placée sous le signe de la farce et de l’illusion, qui fait la part belle au comique de gestes et à la fantaisie verbale, constitue une partition de choix pour l'interprétation baroque.
Dans des décors faits de délicieux panneaux peints coulissants, les comédiens, maquillés de blanc, vêtus de somptueux costumes du 17ème siècle dans une palette de teintes claires-obscures dignes des peintres de l’époque, jouent, leurs émotions à la manière de tableaux animés.
D’un jeu lent et frontal, très codifié tant au niveau de la diction et la prononciation du vieux français que la chorégraphie du geste, qui a toujours une valeur symbolique, accompagnant le verbe.
Bien évidemment, il faut un peu de temps pour s’accoutumer à la langue d’un autre siècle et à l’art déclamatoire si éloigné de l’élocution ordinaire qui respecte un autre code. Et, curieux paradoxe entre le jeu très formel, qui s'inscrit quelque part entre le théâtre distancié et le théâtre d'incarnation, et que l'on peut juger anti naturel, qui, quand on accepte ce nouveau code communicant, agit de manière très émotionnelle sur le spectateur.
Celui-ci se trouve dans le sentiment d'être l'interlocuteur direct et unique de chacun des personnages qui lui transmet de plusieurs manières, différentes et complémentaires, par la voix, le geste, le corps, le regard, mélange de verbal et de non verbal, tous ses sentiments. Le spectateur, ravi et enchanté, au sens premier des termes, affranchi du réel quotidien, s'embarque alors pour un merveilleux voyage.
Dans une mise en scène remarquable de Jean-Denis Monory qui allie la rigueur à la fantaisie poétique tout en restituant l'humour et la puissance comique de Molière, et ponctuée d'intermèdes musicaux, les comédiens, virtuoses rompus à cet exercice difficile, évoluent avec une fraîcheur remarquable donnant l'illusion du naturel et une grâce irréelle qui fait de chaque scène un vrai bonheur.
Pour un voyage dans le temps dans l'envoûtant décor du Théâtre du Ranelagh entièrement lambrissé de bois. Il ne manque que l’éclairage aux bougies.
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