Comédie dramatique de Luigi Pirandello, mise en scène de Massimiliano Verardi avec Georges d’Audignon, Luc Baboulene, Isabelle Desalos, Laurence Guillermaz, Ronan Le Nalbaut, Dimitri Michelsen, Lionel Mur et Philippe Savalli.
L'avatar du joueur qui reste prisonnier du jeu de rôles ne date pas de la vogue des jeux vidéo. Pirandello en a fait le point de départ de sa pièce "Henri IV", écrite en 1922, dont le personnage principal est un jeune aristocrate italien qui, à la suite de d'une chute de cheval intervenant au cours d'un jeu de société, devient fou et se prend pour le personnage dont il avait endossé le costume.
Et, depuis vingt ans, confiné dans son château par ses proches qui le confortent dans la croyance de son état, il est Henri IV, non pas le vert galant au cheval blanc, mais l'empereur d'Allemagne surnommé "le pénitent de Canossa".
Jusqu'au jour ces derniers, avec la participation circonspecte d'un aliéniste, montent une mascarade pour tenter de le ramener, de manière brutale et radicale, à la réalité en entrant dans son délire pour y déclencher un épisode traumatique qu'ils espèrent salvateur.
Voilà brossé en quelques lignes, le point de départ de cette fable dans laquelle se retrouvent la forme du métadrame et toutes les thématiques récurrentes de Pirandello dont la transgression, la folie, le miroir, le dédoublement.
Massimiliano Verardi a su rendre tangible l'univers pirandellien entre fiction et réalité, angoisse et ironie en faisant appel, notamment, à un comédien remarquable, Georges d’Audignon, qui incarne de manière magistrale toutes les excès et les ambiguïtés du personnage principal. A ses côtés, les autres comédiens réussissent la performance d'être, d'une part, de piètres comédiens quand ils jouent leur personnage qui se travestissent, et d'autre part, et simultanément, les jouets pitoyables d'une folie organisée, le jeu de la vie et de la mort. |