Coproduite par la Réunion des Musées Nationaux, le Musée Guimet et le Musée national de New Delhi, "L’âge d’or de l’Inde classique" constitue la première, et sans doute unique, exposition consacrée à l’art de la période Gupta.
En effet, elle revêt un double caractère exceptionnel tenant, d'une part, au fait qu'elle a été rendue possible grâce aux prêts rarissimes des plus grands musées indiens et, d'autre part, la très grande richesse de l'oeuvre statuaire présentée.
En effet, elle célèbre la période classique de l’art indien qui s’est développée du IVe au VIe siècle, sous l’impulsion d’une dynastie dont la puissance militaire et l’habileté politique portèrent l’Inde artistique à son zénith, et qui, pendant deux siècles, institua des canons esthétiques et dont les modèles iconographiques perdurèrent et rayonnèrent hors de ses frontières.
Renaud Piérard a conçu une scénographie épurée et subtile pour mettre en valeur aussi bien la pierre, la terre cuite que le métal et des pièces aux dimensions très différentes, de la pièce de monnaie aux éléments architecturaux comme un énorme linteau. Le blanc nacré rend lumineux le grès rose de la première salle et à l’étage, des murs aubergine offrent un fond contrasté pour le grès ocre, le métal et le schiste vert.
De plus, il faut souligner le très grand travail, transparent pour le visiteur, de soclage des statues effectué par Stéphane Pennec, et qui relève de la prouesse technique, pour maintenir debout des statues dépourvues d'assise qui paraissent ainsi graviter dans l'espace.
Ces œuvres d’art sacré qui prenaient place au sein des sanctuaires hindous et des monastères bouddhiques sont proposées selon un parcours chronologique qui regroupe les œuvres des deux grands pôles artistiques que furent Mathurâ et Sârnâth et consacre une salle aux déclinaisons locales.
L'art sacré incarné
Les corps idéalisés, les vêtements arachnéens, les visages à la beauté idéale et à la spiritualité tangible du dieu protecteur Vishnou et des bodhisattvas à jamais transcendés dans le grès rose de Mathurâ qui donne l'illusion d'une chair palpitante accueillent le visiteur pour un étrange voyage hors du temps.
Au fil du temps, les lignes s’épurent davantage encore avec les statues en grès jaune de Sârnâth qui fût un lieu de pélerinage boudhique.
La fantaisie de l'art profane
Les sagas religieuses comme le Mahrabata ou les récits profanes s'expriment avec dans les terres cuites et les hauts reliefs.
Les personnages dans lesquels on retrouve certains canons esthétiques sont traités avec réalisme voire fantaisie. Le réalisme préside à leur représentation qu'il s'agisse du réalisme fantastique pour les divinités ou de la sensualité des corps humains.
Au plan muséal, il s’agit d’une exposition exigeante, qui traite bien évidemment d’un sujet pointu, mais qui est à la portée de tous. Il suffit au visiteur d'ouvrir les yeux et le coeur pour se laisser envahir par l'émotion d'un génie artistique qui a repoussé les limites de l'art de la représentation de la spiritualité dans ce qu'il a de indicible. |