En 19 avant JC, l'Ara Pacis Augustae, l'Autel de la Paix, fut construit au Champ de Mars, lieu emblématique de Rome, sur l'ordre du Sénat en commémoration des opérations de pacification en Gaulle et en Espagne menées par le premier empereur romain, Auguste, petit-neveu et fils adoptif de Jules César.
L'intégralité du monument, exhumé grâce à l'intervention de Mussolini, par désir d'identification avec le fondateur de l'empire romain, fut reconstruit au bord du Tibre, entre la Via de Ripetta et le Lungotevere.
Très abimé, notamment par la pollution urbaine, son accès au public fut interdit pendant de nombreuses années jusqu'en 2006 date à laquelle fut ouvert le Musée Ara Pacis dont l'édification a suscité une longue polémique.
En effet, le nouveau complexe muséal est la première oeuvre d'architecture moderne construite dans le centre historique de Rome depuis la deuxième guerre mondiale.
Le nouveau bâtiment, bien qu'en symbiose réussie avec son environnement architectural, dont les églises néoclassiques avoisinantes, saisit par sa modernité, sa blancheur et luminosité.
Réalisée par l’architecte américain Richard Meier, surnommé "l’architecte de la lumière", qui s’est forgé une réputation internationale en matière muséographique, la conception du batiment repose sur la lumière considérée comme le matériau de construction essentiel et l'élément fondamental qui structure tout l'espace et en fait une cathedrale de verre qui s'inscrit harmonieusement dans la continuité visuelle de l'extérieur.
Par ailleurs, toutes les techniques modernes ont été mises en oeuvre pour assurer la protection matérielle de l'œuvre, tel que la régulation du flux lumineux selon les heures et les saisons, et l'isolement acoustique propice à effectuer un véritable voyage dans les origines mythiques de Rome.
Car Auguste est une figure majeure de la civilisation romaine sous le règne duquel Rome connut une grande période de prospérité et de paix ainsi qu'un véritable âge d'or culturel.
Le visiteur accède au musée par un escalier qui entoure une fontaine, symbolisant le port de Ripetta situé à cet endroit.
Après la galerie d'entrée, un défilé de bustes conduit vers le pavillon central en forme d'atrium, bercé par la lumière naturelle, qui offre un cadre idéal de transparence, de grandeur et de sérénité à l'autel de la Paix.
Les lignes d'une grande épure de cet autel de sacrifices de 6 mètres de haut, entouré d'une enceinte à ciel ouvert, réalisé en marbre blanc et couvert de bas-reliefs de facture classique, en font le chef d'oeuvre absolu de l'art augustéen.
Ce monument constitue, outre une ode à Auguste qui, de plus immortalise sa figure comme descendant quasi mythique et premier d'une lignée impériale, un manifeste esthétique prônant le retour au classicisme et surtout une symbolisation, inscrite dans le marbre, tant sur le plan moral, politique que religieux, des valeurs fondamentales qui allaient s'imposer à Rome.
En effet, l'autel des offrandes, constitué par un podium à quatre marches, orné de crânes d'animaux et de guirlandes d'épis, de baies et de fruits, est ceint d'un enclos dont les bas reliefs sont stratégiquement ordonnancés pour induire la métaphore entre les heureux et glorieux temps mythiques et les promesses du règne d'Auguste.
Ainsi trouve-t-on, en façade, le mythe de la fondation de Rome avec Romulus et Rémus et la figure légendaire d'Enée qui serait leur ascendant, représentant le règne dynastique.
A l'arrière, les frises relatives à Tellus, la terre génitrice, et Rome en armes assise, symboles de l'abondance et de la paix de l'Age d'or mais aussi du présent ainsi que les deux thématiques esssentielles du programme politique d'Auguste.
Sur les parois latérales, les frises illustrent l'événement que l'édifice commémore, avec le cortège des prêtres, d'Auguste et sa famille.
Mais aussi la piété et la famille qui seront les pierres d'achoppement du nouveau régime politique.
Au sous-sol, du fait de la dénivellation entre le Lungotevere et la Via de Ripetta, deux salles aveugles, à la lumière tamisée, permettent d'exposer fragments, bas reliefs et statues.
Par ailleurs, une grande salle éclairée à la lumière naturelle est consacrée à la présentation des expositions temporaires. |