Un plateau séparé en deux lieux différents, le local de répetition et le vestiaire de salle de gym. Deux clichés de sitcom qui vont servir de base à la performance des acteurs. Tout en play-back et ponctué par des projections vidéos, le spectacle de Superamas, BIG 3rd Episode démarre par une fracassante version trash de Smells Like Teen Spirit avant de mettre en scène les trois actrices dans une succession de scènes répétées, torturées, d'une parodie de série télé où la recherche du bonheur passe par le sexe et le paraître. Tout y est cliché, ou plutôt à l'image de ce que proposent les magazines ou émissions à la mode. Mêlant musiques actuelles, effets visuels et sonores, les Superamas poussent le spectateur à la reflexion et, après un texte de Derrida présenté par un métrosexuel sur vélo elliptique, le laissent tout ebouriffé par l'éblouissante performance.
Dans le forum, bombe electro pop cet après midi avec Yelle. Star de Myspace, la briochine fait escale dans sa ville avant un concert le soir même à Nantes et des shows tout l'été à travers la France et l'Europe. Un côté Lio très moderne pour de la grosse pop electro avec d'amusantes paroles délurées. Pour ados peut être mais avec une véritable energie.
Gros changement d'univers en passant dans le petit théatre pour le concert très attendu de Do Make Say Think, collectif canadien du celèbre label Constellation. Deux batteries, deux guitares, des cuivres, et l'indispensable violon pour 1 heure (trop courte) de post rock pur jus. Effets sonores, montées soniques, redescentes en douceur, tous les ingrédients sont là pour scotcher le public du lieu plein comme un oeuf. Et comme toujours, c'est parfait, gigantesque et on aura beau en redemander, à part un rappel énorme, il faudra attendre leur prochain (rare) passage dans le coin pour en reprendre une dose.
Après le retour du rock, nous avons assisté ces dernières années à l'arrivée du slam. Fleurons français du genre, Grand Corps Malade dans un registre poétique très épuré musicalement et Abd Al Malik, des New African Poets, maître d'oeuvre d'une rencontre entre cette discipline de la rue et le jazz. C'est ce dernier qui apparaît sur le grand plateau de Poulain Corbion ce soir. Démarrage musclé avec Soldat de Plomb pour une heure de petites histoires habilement écrites et scandées avec gestes et postures. Comme sur l'album, grand moment de puissance avec 12 septembre 2001 aux forts accents diabologumesque qui impose véritablement l'artiste au milieu des styles les plus indépendants.
Costume blanc de rigueur et ambiance hispanique, le Gotan Project succède au slammeur avec un habile mélange d'electro lounge version Tango. Orchestre de cordes, accordéon, chanteuse et guitariste classique aux ordres des deux responsables du projet au fond de la scène, casque de DJ sur la tête, seule note moderne des looks résolument traditionnels. Tout est propre mais peut être plus intéressant à écouter sur disque dans un petit bar bien décoré qu'en live au milieu de 6000 spectateurs.
L'entrée du petit théatre est bondée ce soir. Non pas pour les deux films prévus dans la programmation mais pour le concert surprise de Patti Smith qui les remplace. On n'y rentre pas en bracelet mais avec un billet chaudement protégé par ses possesseurs. 300 personnes auront le plaisir de partager ce long moment intime avec la grande Patti dans le cadre incroyable de ce lieu unique. De l'orchestre au poulailler, tous les regards se portent avec respect et dans un silence absolu sur l'interprete de ces chansons, melées à de nombreuses reprises devant une projection de photos. Patti est détendue, elle dédie ses chansons, parle avec le public et lorsqu'elle s'excuse de lire les paroles du Pastime Paradise de Stevie Wonder , elle propose à ceux à qui cela ne plairait pas de se plaindre au nouveau président. Tout cela finira par une longue standing ovation, en attendant le concert beaucoup moins intime du dimanche soir devant 20 fois plus de spectateurs.
Attendus avec impatience après une semaine de résidence à Saint-Brieuc, les Rita Mitsouko se devaient de ne pas decevoir pour la première date de leur tournée Variety. Pas de déception parmi les fans et une découverte du nouvel univers beaucoup plus pop des Rita pour tout le public serré sous les bâches. Catherine Ringer est tout sourire tandis que Fred Chichin, comme à son habitude, reste en retrait caché derrière ses guitares et ses lunettes noires. Et puis rien de tel qu'une relecture de leur plus grands tubes pour remotiver les troupes affaiblies par une longue journée de spectacles.
Dimanche froid et pluvieux à Poulain Corbion pour accueillir les Bellrays qui vont faire tout leur possible pour réchauffer l'ambiance. Très gros rock à guitares emmené par une chanteuse déchainée mi-soul mi-stooge. Serrés devant la scène pour éviter la pluie, les spectateurs se prennent une grosse claque musicale en attendant dans un tout autre genre, l'arrivée des soeurs de CocoRosie.
L'univers est totalement différent, exit les grosses guitares, les deux fées récupèrent les jouets, du mini piano à l'appareil à musique coloré, de la harpe à la human beatbox, tout est bon pour faire des sons et pour porter leurs étonnantes voix, tantôt lyriques tantôt enfantines. Et quand elles partent sur un registre plus hip hop, le charme continue de s'exercer. Certains n'aiment pas, d'autres adorent, mais impossible de rentrer insensible à leur incroyable univers.
Elle est devenue en peu de temps et en deux albums une des reines de la scène en France. A l'instar des Dionysos (dont Mathias fera un petit passage ce soir), Olivia Ruiz tourne, rencontre son public à travers toute la France et est devenue en peu de temps l'une des chanteuses françaises les plus prisées. Avec un son résolument sixties (reprises de l'époque dont le Requiem pour un Con et guitare très surf de rigueur), la demoiselle triture son répertoire, accelère ses titres et tient toutes ses promesses avant de laisser la place à Patti Smith pour le final et clore cette fort jolie édition Art Rock, avec un quasi record de fréquentation et des spectacles toujours aussi bien choisis.
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