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Interview  ( Paris)  11 mai 2007

Avec son nouvel album, Jil Caplan renoue avec Jay Alansky. 20 ans après la boucle est donc bouclée et Derrière la porte est le fruit de cette nouvelle collaboration presque inespérée et accidentelle, tant pour le public que pour ses auteurs.

Rencontre trop courte avec Jil Caplan dans un café parisien …

Sur la présentation "commerciale", on parle plus ou moins de retour. Pour moi, ce n’est pas un retour : Jil Caplan a toujours été là, avec un album tous les trois ans. Pourquoi on parle de retour maintenant ?

Jil Caplan : A chaque album que je fais, on parle de retour, alors …(rire). Même mon deuxième album, trois ans après pile poil la sortie de l’album, on voyait le grand retour de Jil Caplan, j’avais 25 ans, enfin 24 ans et on disait déjà le retour. Je crois que les gens manquent un petit peu d’imagination parfois et puis ils ne se rendent pas compte que faire un disque, c’est du travail, ça prend du temps.

D’abord, parce qu’on n’est pas des machines et qu’à un moment donné, il arrive que l’on patauge, et ça peut durer des mois et que, dans ces moments là, le temps passe pour les autres et puis il se passe aussi pour nous mais on n’est juste pas prêt. A un moment donné, quand on commence à être content, à être moins insatisfait, il se passe encore du temps. Avant on a fait des concerts et c’est aussi du temps. Ca passe finalement vachement vite et à la fois très lentement. Je suis la première à dire qu’un album tous les trois ans, ce n’est pas un rythme très soutenu, quand on voit que les Beatles faisaient un album par an et c’était à chaque fois des sublimes albums. On se dit que l’on est moins créatif. On est dans une société, dans un monde beaucoup plus marketing, commercial, etc.

Finalement, quand on regarde bien, Feist, ça fait trois ans aussi, Zazie, n’en parlons pas, c’est tous les trois ans aussi. On a un rythme tous et toutes plus ou moins égal. Donc, ce n’est pas UN retour. Si ça marche commercialement parlant, peut-être que là, on parlera d’un GRAND retour. Pour plein de gens, je ne fais plus de disques parce qu’ils n’y ont pas eu accès ou ils n’ont pas eu la curiosité ou ils n'ont pas entendu parler, pour x raisons, de ce que j’ai fait avant.

Avant, il y a eu des disques avec J.P. Nataf et avec Jean-Christophe Urbain. Est-ce que le retour, finalement, ce n’est pas le retour aux sources avec Jay Alansky ? C’est de ce retour là dont on parle ?

Jil Caplan : Non, je ne crois pas. C’est ce que je vous disais, vraiment, le retour, c’est un truc récurrent. A chaque fois que je fais un disque : le retour de Jil Caplan. Au début ça m’énervait, maintenant très franchement, je m’en fous un peu. Cela dit, pour moi personnellement et artistiquement, c’est vrai que c’est un retour aux sources, au ru même. C’est la première personne que j’ai rencontrée, quand j’avais vingt ans avec qui j’ai fait trois albums ce qui est déjà pas mal. Et un quatrième album ensemble : c’était très inattendu.

Toujours sur la bio qui accompagne le disque, vous dites que vous n’étiez pas sûre d’avoir la force de continuer, d’avoir encore des choses à dire. Est-ce que ce n’est pas, à un moment donné, où vous vous êtes dit bon maintenant, effectivement …

Jil Caplan : Je reviens voir Jay. Non, disons que l’on n’avait jamais perdu le contact dans le sens où l’on s’envoyait des petits mots pour nos anniversaires, pour la bonne année. On ne s’était pas vu depuis très longtemps. Il avait fait un concert en 2003, j’étais allée le voir. C’était des choses de courtoisie, si vous voulez mais il n’y avait pas du tout cette communauté d’esprit, cette promiscuité intellectuelle que l’on peut avoir quand on travaille avec quelqu’un et en plus pendant si longtemps.

Vous vous imaginez bien que trois albums c’est très long, surtout à cet âge là, où on est dans la jeunesse, on est entre 20 et 30 ans. On est vraiment très très influençable et la première personne que l’on rencontre vous influence pour toute votre vie. C’est évident. Donc oui, c’est un retour, un heureux retour C’est comme le poème de Verlaine, "ni tout à fait une autre, ni tout à fait la même" : on a changé et on est toujours les mêmes. On a suivi des routes différentes ; il a fait 10 ans d’électronique, il a rencontré d’autres gens, il a travaillé d’une autre façon.

Moi, je ne connaissais que lui comme façon de travailler. J’ai découvert avec J.P. Nataf qu’on pouvait, par exemple, faire la fête en studio, on pouvait boire en studio, on pouvait se coucher tard, on pouvait faire les prises de voix à 4-5h du matin et je ne savais pas si ça me convenait ou pas. D’ailleurs, je me suis rendue compte que ça ne me convenait pas vraiment. J’ai ouvert la porte sur plein d’autres choses, plein d’autres façons de travailler, plein …deux en fait, en gros !!! (rires). En plus, Jipé je le connaissais, c’est lui qui m’a présenté Jay Alansky. Donc, vous voyez, ce n’est pas non plus une révolution que j’ai faite.

Donc, on s’est retrouvé par hasard, par un hasard de temps, de lieux, de circonstances, de gens, enfin … Comme toujours des hasards qui vous font converger alors que l’on ne s’y attend pas du tout. On a discuté pendant, je ne sais pas, 5 heures : je devais juste prendre un thé, je suis restée jusqu’à 9h du soir chez lui. On a parlé, parlé, parlé et puis à la fin on s'est dit : et si on réessayait quelque chose sans pression, sans se dire que c’est obligé …Très franchement, si je ne l’avais pas rencontré, je crois que je ne serai pas en train de faire un autre disque en ce moment… franchement.

Ca a été un déclencheur donc cette rencontre. Lui, c’est un petit peu la même chose. Il a tourné la page de A reminiscent drive.

Jil Caplan : je crois qu’il arrivait à la fin de A Reminiscent Drive puisque son dernier album chez FCOM était sorti sous le nom de Jay Alansky et non pas sous Reminiscent Drive.

Il avait besoin de rupture de son côté avec…

Jil Caplan : Je n’en ai pas tellement parlé avec lui. Il faudrait lui demander à lui, pour savoir. Moi, je ne peux que supposer, en fait. Je crois qu’il était à un moment de sa vie artistique où il avait besoin de s’ouvrir de nouveau vers autre chose, sans qu’il en ait vraiment conscience lui-même. Je ne sais pas, ça vraiment, il faudrait lui demander.

Donc, il y a eu ce déclencheur et cette envie d’album…

Jil Caplan : A vrai dire, l’envie de l’album est venue à partir du moment où on a commencé à travailler.

C’était un peu un pari… Essayons, en quelque sorte…

Jil Caplan : Essayons ! Voilà ! Quand je suis parti il m'a dit : "t’as pas un bout de phrase, un texte à me passer qu’on essaye". Et puis, honnêtement, je n’avais rien, zéro, rien, pas un fond de tiroir. J’écrivais comme une merde, je me sentais vraiment comme une merde. Il faut le dire, ça arrive. Après, je ne suis pas la meilleure juge pour le savoir : disons que je me sentais comme une merde. Mal.

Je me demandais si j’avais quelque chose à dire, si même les gens, ça allait les intéresser, je ne savais pas du tout. Je n’arrivais à rien. Je ne vais pas jouer Caliméro parce que c’est nul, j’ai horreur de la victimisation, des choses comme ça. A chaque fois que j’essayais quelque chose, ça ne marchait pas. J’avais vraiment l’impression d’être très seule en me disant : "je ne compose pas donc je ne peux pas le faire toute seule". J’aurai pu mais si c’est pour faire des mauvaises chansons avec do fa sol et la la la la, ce n’est pas très intéressant, enfin, pour moi.

Donc voilà, je ne savais vraiment plus trop où j’en étais. Cela dit, j’avais quand même ces quatre phrases : "je suis un verre d’eau claire, je suis de la rivière …" Les quatre premières phrases des « toutes petites choses » qui est le premier morceau que l’on a composé, le premier morceau de l’album et le premier single. Quatre phrases qui étaient pour moi l’exacte vérité : "je suis un verre d’eau claire, je suis de la rivière …" J’étais contente de dire ça mais le reste, je n’avais pas de suite, j’avais rien. Ca, et c’est tout.

Je lui ai laissé et le lendemain, il m’appelle : "tiens, j’ai trouvé un truc, c’est pas mal, tu devrais passer au studio, écoute… "Donc, je suis passée et j’ai entendu le petit piano, enfin, ce n’était pas un piano, c’était une petite guitare et puis il m’a joué le refrain et spontanément, quand j’ai entendu comme ça (ndlr : Gil Caplan chante), tout de suite, "on est des toutes petites choses", ça m’est venu illico et ça faisait des mois, des mois et des mois que je n’avais pas eu un truc… Voilà, un pur plaisir créatif, vraiment ! Une étincelle, un machin qui arrive comme ça…

Et je suis rentrée chez moi, sans déconner, je volais, je volais sur le trottoir, j’étais trop contente, j’ai saoulé tout le monde le soir et tout, c’était trop bien ! La création faisant que l’on est heureux et qu’on se dise, ce n’est pas possible, il faut continuer. Il y en a une deuxième qui vient puis un troisième, puis un quatrième et puis ça va tout seul en fait. Et là, vraiment, il y a des ailes qui vous poussent. C’est vraiment bien !

Finalement, ça a pris combien de temps ?

Jil Caplan : 1 mois et demi, deux mois. Et on enregistrait en même temps ! Ecriture, composition, enregistrement. C’était super. On était, comment vous dire … La vie, c’est souvent une question de concordance de temps et de personne. Vous pouvez rencontrer la femme dont vous allez tomber amoureux dans 10 ans.

Si vous la rencontrez avant, elle va vous faire l’effet d’un robinet d’eau tiède. Et pourtant, 10 ans après, on en est fou. Donc, c’est vraiment une question de moment et sans doute que l’on se serait vu un an avant, ça n’aurait rien donné. Parce que l’on n’était pas au même endroit, avec ce qui se passait à ce moment là, les mêmes réflexions, un état d’esprit.

Une écriture très rapide qui part de quatre petits vers…

Jil Caplan : Rapide mais travaillée quand même. Je tiens à le dire, on ne bâcle pas !

Les textes sont loin d’être bâclés effectivement, la musique non plus d’ailleurs. L’inspiration est venue comment, finalement ? Est-ce que ce sont des choses qui sont sous-jacentes ? Est-ce que ce sont des choses qui n’auraient pas pu être écrites justement pendant une période où vous ne vous sentiez pas …

Jil Caplan : Il y avait "Tout l’azur du monde" où j’avais fait une ébauche un an avant et c’était très inachevé. Je trouvais que l’idée du texte était bien mais il n’était pas abouti, il n’était pas bien écrit, il était très inachevé, je n’arrivais pas du tout à le finir, à le boucler. Je l’avais laissé complètement de côté. A la limite, c’est le seul texte peut-être qui est venu un petit peu avant et encore, je l’ai tellement remanié derrière qu’il n’en reste plus grande chose.

Dans ce disque, il n’y a pas d’autobiographie à part peut-être "J'aime je déteste" et "A la fenêtre", qui sont des morceaux où je dis "je", je parle de moi. Oui, "A la fenêtre" parce que c’était un moment où je doutais de tout. C’est une chanson d’espoir : j’attends à la fenêtre, j’attends derrière la porte.

C’est une forme de question : est-ce que c’est une forme d’espoir ou de désespoir ?

Jil Caplan : Les deux ! Bon, le désespoir, il ne faut pas non plus… on n’est pas en Afrique, au Rwanda, il faut relativiser toujours. Quand on est vraiment dans un moment de …

Est-ce que c’est un moment où l’on n’attend plus grande chose d’autre ?

Jil Caplan : C’est ça, on n’est pas loin du renoncement et en même temps, c’est à ce moment-là que l’on est le plus ouvert à l’espoir, tellement on est proche du renoncement. C’est comme quelqu’un qui va se noyer et qui dit : "mais il va bien y avoir une main qui va me sauver ! ". J’attends derrière la fenêtre, je marche sur la mer, je cherche un peu de paix. Putain mais calmez-moi, aidez moi, il va bien se passer quelque chose, bordel !

C’est une chanson comme "Finalement", on n’en est pas très loin non plus. Il y a quand même une sorte de manque.

Jil Caplan : "Finalement", pour moi c’est beaucoup plus désespéré. "Finalement", c’est vraiment quand on a tout perdu et que l’on se rend compte, le constat que même quand ça allait mal, on se prend à regretter même les conflits, même quand ça allait mal avec quelqu’un. Au moins il y avait encore ce lien là.

C'est aussi un texte personnel ?

Jil Caplan : Ca, c’est un texte de Jay et je me souviens très très bien quand il l’a écrit. Ca m’énerve quand il écrit des textes. D’abord, il écrit très bien et puis j’ai toujours l’impression que ça va être mieux que ce que je vais faire. (rires) Donc, je me dépêchais d’écrire les textes pour pas qu’il ait le temps. C’est con, c’est vraiment un truc d’ado.

J’arrive un jour au studio et j’entendais du couloir la guitare et je me disais : "putain, c’est vachement bien, c’est vachement bien". Et je l’entendais qui chantait : "Finalement, finalement, quand les remous, les tourments …" et je trouvais le texte super beau et vachement triste. Je me disais : " oh la la, ça y est, il va encore écrire un texte sublime, quel enfoiré ! " Le texte est magnifique et tout de suite je lui dis : "je ne sais pas ce que tu vas faire de cette chanson mais elle est trop belle, je trouve qu’elle sera vraiment belle sur l’album. "Il l’a écrite devant moi quasiment, en temps réel. Ca m’a énervé. (rires). Je l’adore, c’est une de mes chansons préférées de l’album.

Pour en revenir à l’inspiration, les autres c’est important parce que ce n’est pas un disque que j’ai écrit en me regardant le nombril, en me disant : "qu’est-ce que je sens, mes petites sensations, mes petites impressions, gnagnagna, mes petites affaires et tout", non.

C’est peut-être parce que je vieillis aussi, c’est certainement ça d’ailleurs. A un moment donné, on ne peut pas s’empêcher d’avoir de l’empathie pour certaines personnes et presque de les saisir, de les comprendre, savoir où ils sont. Et j’ai remarqué autour de moi, depuis quelques temps, sans que j’arrive à me le formuler auparavant, c’est qu’il y avait beaucoup de gens qui sont seuls, qui vivent seuls.

Je pensais par exemple à une personne qui vivait seule depuis quelques temps, qui avait vécu très longtemps avec quelqu’un, qui se retrouvait seule sans être touchée. C’était : "On n’entre plus chez toi", on n’entre plus chez toi, on ne te pénètre plus, physiquement, moralement, sentimentalement. C’est terrible.

"Un âne sur la route" c'est pareil. Evidemment, ça vient d’un sentiment qu’on a. On le relie aux autres et on se dit qu’on a vraiment le sentiment de solitude de ce monde en ce moment, d’indifférence, c’est terrible je trouve, c’est terrible. On enjambe des gens sans plus y faire attention. Alors il ne s’agit pas de les panser, les soigner et de les mettre dans son lit mais quand même… Je ne sais pas, c’est violent quand même, tout ça !

Je voudrais revenir un petit peu sur la coloration musicale de l’album même si Jay n’est pas là. Donc il y a quand même un côté très "pop" de Jil Caplan j’ai envie de dire et puis, il y a quand même une belle coloration électro.

Jil Caplan : Un petit peu, il y a des touches, oui. C’est électro-friendly !

Par exemple, le titre qui était vraiment très électro, c’est « on n’entre plus chez toi » qui presque d’ailleurs, par rapport au texte, est un petit peu en opposition. C’est assez particulier. Je suppose que c’est volontaire d’avoir fait ça, quand même, non ?

Jil Caplan : Au départ, on avait fait un arrangement complètement différent avec un accordéon, une espèce de boîte à rythme et nous, on adorait. A chaque fois que l’on faisait écouter cette chanson aux gens, aux autres, enfin à quelques personnes, ils ne trouvaient pas ça bien du tout. On commençait à se poser des questions (rires). Sincèrement, j’adorais cette mélodie, je la trouvais super belle, super forte. Je trouvais que le texte et elle, ça allait vachement bien.

Quand on a fait "A la fenêtre", ça a été le premier morceau avec des touches plus électro. Et j’ai dit à Jay : "Putain, soyons plus radicaux que ça". En fait, on était en train de faire un album peut-être un peu organique avec des instruments, des basses, des guitares acoustiques, des machins comme ça.

Comme j’avais fait le dernier qui était très avec des couleurs seventies, qui était un peu flower pop, on c'est dit : "Ok, what else is new ?", comme disent les anglais. Quoi de nouveau ? On s’est dit peut-être qu’il faut être plus drastique, peut-être il faut proposer quelques chose de plus nouveau, quelque chose que je n’ai jamais fait.

Même si je ne suis pas une connaisseuse absolue en électro, j’ai toujours bien aimé ça. J’adorais Goldfrapp ; le premier album de Goldfrapp, c’est un disque que j’adore. Je me dis : "mélangeons les trucs". Jay aussi a apporté plein de trucs comme ça sans que je ne lui demande rien. Ca a fonctionné super bien et c’est là que l’on s’est dit : "on n’entre plus chez toi", essayons d’aller vers un côté pas techno parce que ce n’est pas de la techno mais avec un beat très soutenu, très noir, presque transe même.

Il y a d’autres chansons de l’album qui sont noires, sombres évidemment, très pesantes comme ça, même "de toutes petites choses". Ce n’est pas un album forcément très optimiste.

Jil Caplan : Je dirai qu’il n’est ni optimiste, ni pessimiste non plus. Franchement, je n’ai pas voulu faire un disque noir, déprimant, sombre parce que c’est une tentation, c’est toujours plus facile d’écrire sur les affres sublimes que le bonheur. Je crois que j’avais envie de dire une violence. Plus qu’une noirceur, j’avais envie de dire un froid qui vous cingle.

Sur myspace, il y a EMOTRONIC. C’est quoi, c’est juste un petit clin d’œil comme ça ?

Jil Caplan : En fait, quand on va sur myspace, il faut que l’on définisse ce que l’on fait. Je voyais pop, folk, rock, blues, électro, gnagnagna. Je me suis dit : "non, elles me font chier, toutes ces cases, je n’ai pas envie de mettre ni folk, ni pop, ni folk, ni rock, ni électro… ". Et puis je vois Emotronic : il y a en même temps émotion et électronique. Emotronic, je trouvais que c’était vachement bien. C’est une case de myspace : j’aurai aimé l’inventer parce que je la trouve super bien !

J’ai vu aussi sur myspace, que vous cherchiez des musiciennes multi-instrumentistes.

Jil Caplan : Une musicienne. J’ai précisé une musicienne. D’abord, il y a beaucoup de chœur, des doubles voix, des choses comme ça, donc je pense que si c’était une fille, ce serait bien. Maintenant, on commence à avoir une idée : j’aimerai bien que ce soit une fille qui puisse jouer des percussions, un peu de la flûte, un peu de violon, un peu de guitare même pas très bien mais qui puisse faire plein de petites choses.

C’est amusant, ça, comme démarche…

Jil Caplan : Finalement, on se rend compte qu’il y a beaucoup de musiciens. Il y a des musiciennes aussi mais plus dans le classique, dans le violon ou dans le hautbois ou dans les harpes. Dans le monde de la pop pour schématiser, il n’y en a pas tant que ça. En même temps, je n’ai eu aucune réponse.

C’est étonnant, ça !

Jil Caplan : J’ai eu un type qui me dit : "je joue un peu de tout" et puis après : "ah oui, j’avais mal regardé, en fait, je ne suis pas musicienne…". C’était mignon !

Pour parler du visuel du disque, j’ai vu que la pochette, c’était un autoportrait. La photo est une discipline qui vous intéresse, que vous pratiquez ?

Jil Caplan : Ah oui, j’adore ça. J’en fait plein, je fais des films, je fais des photos.

J’ai vu aussi qu’il y avait des vidéos qui avaient été faites notamment sur la production de l’album de Patxi.

Jil Caplan : J’ai fait tout le making off puisque c’était Jean-Christophe Urbain qui a réalisé son album. Ils étaient en studio, j’allais les voir de temps en temps, je faisais tout le temps des photos… Parce que c’est quelque chose de faire son premier album, quand même ! On ne le fera plus jamais, son premier album. Je me suis rendue compte que je n’avais rien, zéro photo de ce moment là. Rien, mais pas une !

Je le voyais : il a 24 ans, il fait son premier disque, il a une équipe … Il a de la chance, quoi ! Il a JP, il a Jean-Christophe, il est signé chez Atmosphérique, il peut faire ses chansons comme auteur-compositeur, personne ne l’a emmerdé avec un format ou quelque chose, il a pu faire vraiment ce qu’il avait envie de faire. Merde, il faut marquer le coup, quoi ! J’ai commencé à le prendre en photo.J’adore les photos de reportage, les grands reporters, Depardon des mecs comme ça, j’ai toujours adoré ça, ou le film de Godard sur les Stones.

Toutes les choses où on laisse tourner la caméra, qui marquent. Je n’ai pas du tout ce niveau là, c’est une influence, c’est une façon de faire. Petit à petit, régulièrement, je lui apportais les photos. Je prenais soin de prendre mes meilleures photos, et puis un jour, je lui ai fait une planche contact. Il m’a dit : "tiens, c’est vachement bien, tu n’aimerais pas faire un film, aussi ? Le making off, pourquoi tu ne viens pas le filmer ?" Je lui ai dit : "écoute, oui, pourquoi pas, d’accord… ". Le lundi, j’arrivais avec ma caméra, voilà…

Et ça c’est un truc qui se greffe aussi sur votre vie comme l’écriture, comme la chanson ? Ou ça reste quand même un hobby ? Ou bien c’est quelque chose que vous voulez développer pour faire, je ne sais pas, un court ou un long métrage ?

Jil Caplan : Oh non, j’en serai totalement incapable. C’est pour ça que les chansons, c’est plutôt pas mal, ça me va bien. J’adore les choses qui s’inscrivent dans le temps, les longues relations, le travail qui se développe avec le temps, j’adore cet aspect du travail où on ne renonce pas, où on se lève le matin même si c’est difficile, le côté en plus stakhanoviste des choses, je suis très sensible à ça.

Même si je ne pense pas que ce soit là, dans la peine, dans le labeur, que l’on fait les meilleures choses, je pense quand même que c’est toujours comme un entraînement. On n’est pas championne de natation si on ne nage pas tous les jours. Un long métrage, tout ça… Non, je n’en aurai pas la force et puis, ce n’est pas ce que je veux faire en plus. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de témoigner de quelque chose, voilà !

Rebondissons sur le petit blog qui est assez bien achalandé.

Jil Caplan : Mon blog ? Vous lisez mon blog aussi ?!?

Je me documente (rires) … qui lui aussi contient des textes relativement courts, d’ailleurs écrits d’une manière qui rappelle un peu des textes de chansons, par exemple, sans mise en page.

Jil Caplan : Voilà. Il n’y a pas de versification, il n’y a aucune rigueur. C’est une prose libre ou une poésie libre. J’adore faire ça.

Comme ça, jeter ses impressions de la journée, sans plus réfléchir ?

Jil Caplan : Et, en général, je ne passe pas trop de temps sur le blog. Par exemple, quand j’écrivais l’album, je prenais soin de mettre une cloison étanche entre ce que j’écrivais sur le blog et mes chansons. A un moment donné, c’est tentant de tout donner dans le blog. Et puis, on a des lecteurs immédiats, ça, c’est très important. Tout de suite, on sait que l’on va être lu, qu’on va être publié, c’est sur la toile. On voit les statistiques qui commencent à monter, on se dit : "ouah, putain, c’est bien". Et puis le plaisir sans cesse renouvelé d’écrire.

Je prenais vraiment soin de ne pas passer plus d’un quart d’heure sur chaque note, de ne jamais faire de brouillons et de les écrire quasiment en direct. Après je relis, je change un mot là, j’enlève un truc. Si c’est nul, je ne publie pas (rires). Ca m’est arrivé des tonnes de fois.

Il y avait des phrases où je me sentais dire : "oh oh oh, cette phrase là, il ne faut pas que je la mette parce que ça va être pour une chanson". C’est une discipline, il faut vraiment se discipliner, à la fois pour ne pas être trop longue, j’ai l’impression d’être trop intime parfois. Il ne faut pas aller trop loin ou alors tu écris un livre et tu dis tout.

Ce n’est pas incompatible avec le format blog

Jil Caplan : J’ai combien ? 140 notes, quelque chose comme ça. Toutes ne mériteraient pas d’être publiées.

Il y en a certaines qui sont porteuses d’émotion, de belles choses. Il y en a d’autres effectivement…

Jil Caplan : …qui sont moins intéressantes. Mais il y en a certaines, oui. Ca m’est venu parce que, il y a deux ans, j’ai écrit un petit bouquin que je n’ai jamais pensé à faire publier et qui est vraiment sous ce format là. Je l’ai écrit en trois mois. Il n’y avait pas de blog, je n’avais pas du tout de blog. C’est en lisant Bukowski un jour que je me suis dit : "c’est exactement ça ! C’est comme ça, c’est exactement ça ! "

Quand on aime écrire et quand on a envie d’écrire, parfois, on a un problème de forme. Soit c’est trop ampoulé, on veut trop faire littéraire, soit c’est trop ci ou trop ça. C’est difficile, c’est comme trouver sa voix : je veux être chanteuse mais je ne trouve pas ma voix, je ne sais pas bien la placer. L’écriture, c’est pareil. On sent que l’on bout de pleins de trucs mais comment canaliser, comment trouver sa voix.

Je me souviens, c’était "l’amour est un chien de l'enfer". Il disait : "machine est venue, cette sale pute, j’ai vomi tout par terre". Enfin bon, un truc à la Bukowski, c’était cent fois mieux que ce que je dis bien sûr, mais cette liberté de ton qu’il a, cette liberté d’écriture, de jeter les mots comme ça. On a l’impression que ce n’est pas travaillé, avec une crudité des choses.

Un jour, j’ai écrit mon premier texte, j’étais trop contente, je me suis dit : "ça y est, j’ai trouvé ! J’ai trouvé mon truc.". Et je l’ai appelé "mon truc" pendant des mois après. C’est mieux que le blog, c’est plus travaillé, c’est beaucoup plus intime, pour le coup 100% autobiographique. Je suis contente de ce truc là.

Il faut le publier à un moment donné.

Jil Caplan : Franchement, l’édition, je n’y connais rien, je connais personne et puis en plus, ce n’est pas un roman, c’est assez court, ça doit faire 80 pages. Alors le publier : chez qui ? Où ça ? Sous quelle forme ? Je sens déjà les questions. Le format, c’est très très important quand même.

Pour finir, vous allez tourner bientôt, avec une musicienne peut-être…

Jil Caplan : Une musicienne peut-être, si je la trouve.

Et une tournée sûrement…

Jil Caplan : Oui, déjà, il y a le 11 et le 12 octobre à l’Européen. On est en train de monter l’affaire, le groupe, les autres dates. Ca va être un challenge parce que mettre l’album sur scène, je ne sais pas comment on va faire. Il va falloir tout réarranger ça. Il faudra se creuser la tête. C’est bien, ça ne nous fera pas de mal.

Ca veut dire l’été au studio ?

Jil Caplan : L’été, le mois d’août au moins. A partir du 15 août, on va bosser !

 

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La chronique de l'album Derrière la porte de Jil Caplan
La chronique de l'album Sur les cendres danser de Jil Caplan
Jil Caplan en concert à L'Européen (12 octobre 2007)
L'interview de Jil Caplan (samedi 16 décembre 2023)

En savoir plus :

Le site officiel de Jil Caplan
Jil Caplan sur MySpace
Le blog de Jil Caplan

Crédits photos : Thomy Keat (Plus de photos sur Taste of Indie)


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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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