Chaque biennale, qui regroupe plusieurs manifestations internationales qui font de Venise un pôle artistique exceptionnel.
En 2007, du 10 juin au 21 novembre, se déroulera, outre la 64ème Mostra Internationale de Cinéma, le 51ème Festival International de Musique Contemporaine, le 39ème Festival International de Théâtre et le 5ème Festival International de Danse Contemporaine, la 52ème Biennale d'Art Contemporain.
Avec 77 pays représentés et plus d’une centaine d’artistes, cette exposition est depuis plus d'un siècle l'une, sinon la plus grande, exposition mondiale d’art contemporain.
L'édition 2007 est placée sous le thème : "Penser avec les sens, Sentir avec l'esprit. L'art au temps présent" choisi par le commissaire,l'américain Robert Storr, ancien conservateur aux départements de peinture et de sculpture au MOMA de New York, critique d'art et professeur d'art moderne à l'Institut des Beaux Arts de l'Université de New York.
Les Jardins dits de la Biennale, qui offrent des frondaisons bienvenues, constituent le pôle originel devenu central de l’exposition avec les pavillons, érigés en 1895, des 30 grandes puissance du 19ème siècle, année de la première biennale, sur le mode des expositions universelles.
Mais, même s'il est parfois critiqué, son succès croissant et jamais démenti tant auprès du public que du marché de l'art, l'oblige à investir de nombreux autres sites de manière quasi tentaculaire.
Ainsi, les bâtiments de l’Arsenal, de la magnifique et majestueuse corderie à la salle d’entrepôt des citernes, le magasin du sel de la Dogana, les églises désaffectées, les palais, voire de simples résidences, participent de cette fête de l'art qui initie une confrontation intéressante entre le passé et le présent, l'art et la vie.
Multiplicité des lieux donc qui crée un enthousiasmant périple culturel, à suivre souvent carte en main, à la manière du petit Poucet, permettant non seulement d'agréables déambulations touristiques mais également d'accéder à certains lieux généralement non ouverts au public.
Sur le site principal, effervescence et affluence sont de mise.
Certains pavillons sont littéralement assiégés comme celui de l'Allemagne, en cours de ravalement, qui présente l'œuvre morbide d'Isa Genzken, dont l'accès nécessite une patience et une soif de culture inextinguibles.
De quoi en décourager plus d'uns, à moins d'arriver dès l'ouverture.
Même renoncement pour le pavillon israélien soumis à un accès contrôlé sous très haute surveillance.
Avec "Prenez soin de vous" consacré à l'exposition de Sophie Calle, artiste plasticienne dont le travail sur le vécu de la rupture amoureuse participe totalement du thème de cette biennale, le pavillon français connaît lui aussi très vite une belle montée en puissance.
Le pavillon du pays hôte n'est pas de reste mais ses volumes imposants lui permettent d'absorber avec sérénité la cohorte des journalistes notamment étrangers pressés par un emploi du temps stakhanoviste d'autant qu'il présente un florilège d’artistes en vue de toutes nationalités.
En effet, le pavillon Italia se situe désormais dans l'Arsenal dont le caractère brut du bâtiment s'accorde bien cette année avec les oeuvres de Giuseppe Penone, figure majeure de l’Arte povera.
Première impression générale, la tendance des années précédentes se confirme. Les arts majeurs cèdent largement le pas aux arts plastiques, vidéos et photos, le Lion d'Or d'honneur étant attribué cette année à un photographe malien, Malick Sidibé, avec un bel engouement pour les combines à la Rauschenberg
Quant à la couleur, du tragique au morbide, l'inspiration des artistes s'inscrit totalement dans la thématique déterminée par Robert Storr. Le ressenti comme l'engagement politique de l'artiste traduisent un siècle qui n'est pas euphorique.
Pour clore sur une note plus souriante, mais non moins grave, impossible de rater le trio de sanisettes, du norvégien Lars Ramberg, aux couleurs du drapeau français qui déploient leur mécanisme interne au son de "La Marseillaise".
Et puis, l'art se consomme, comme le tableau de bonbons au réglisse de l'américain Félix Gonzalez-Torres.
Multirépliqué en posters grandeur nature gracieusement distribués, l'art n'a pas, ou plus, de prix. De quoi susciter bien des interrogations.
En espérant que tout ne finira pas... dans une poubelle.
A suivre... |