Le surréalisme et Dali sont à l'honneur dans la capitale londonienne avec deux expositions thématiques.
L'une, "Dali & Film" à la Tate Modern, s'intéresse aux relations pas toujours constructives entre Dali et le cinéma. L'autre, "Surreal things : Surrealism & Design" au Victoria and Albert Museum explore l'influence du surréalisme sur les arts décoratifs, l'architecture et la mode et le nom de Dali y est récurrent.
L'exposition rassemble un très grand nombre de pièces, parmi les plus extraordinaires et les plus emblématiques, dont certaines jamais exposées depuis leur création. D'autres sont aujourd'hui universellement connues et reconnues et appartiennent à l'inconscient collectif comme précurseurs du glamour kitsch et du new fetish.
En tout état de cause, la modernité qu'ils incarnaient, à l'époque où le surréalisme constituait un mouvement d'avant garde, reste aujourd'hui encore entière.
Sous le commissariat de Ghislaine Wood, l'exposition propose un intéressant parcours thématique.
Sous un éclairage tamisé, la scénographie, qui combine matériaux bruts, vitrines délicates et couleurs profondes pâtit d'un espace un peu restreint qui entraîne un certain confinement des œuvres.
Des oeuvres qui invitent le visiteur à découvrir l'expérimentation artistique de ceux qui, dans une attitude qu'il voulait de sédition et de défi, explorait la réalité cachée des choses et l'inconscient psychique pour changer le monde.
Le rideau s'ouvre s'ouvre sur un décor de théâtre avec les costumes crées par Giorgio De Chirico pour "Le bal" une création de Georges Balanchine pour les Ballets russes.
Car c'est bien évidemment dans les arts du spectacle que les surréalistes trouvent un nouveau champ de prédilection pour leur création artistique qui leur procurent à la fois visibilité, notoriété et subsides.
Les surréalistes ont ensuite investi les arts décoratifs en détournant la fonctionnalité des objets comme la veste aphrodisiaque de Dali, la brouette capitonnée d'Oscar Dominguez ou le fer à repasser à piques de Man Ray.
De l'objet au mobilier, il n'y a qu'un pas et l'onirisme, le rêve, l'illusion, l'humour et l'érotisme investissent les intérieurs et la reconstitution du salon dalinien du richissime Edward James avec le "Mae West Lips Sofa" et le téléphone homard.
En parallèle, tous les grands noms du surréalisme sont à l'affiche avec de nombreuses toiles notamment de Magritte ("La reproduction interdite"), Miro ("Dreampainting"), Dali ("Couple aux têtes pleines de nuages")
et des oeuvres de deux artistes anglo-saxonnes qui furent les compagnes de Max Ernst ("Pétales et jardin de la nymphe Ancolie"), Leonora Carrington ("Pénélope") et Dorothea Tanning ("Night music").
Les surréalistes fréquentent la haute société parisienne et l'univers de la mode accueille favorablement les collaborations extravagantes de Cocteau, Dali, Picasso et Miro.
Particulièrement Elsa Schiaparelli, la grande rivale de Coco Chanel qui la qualifiait de "faiseuse de robes", cette couturière endiablée qui a défrayé les chroniques de mode, faisant rimer élégance avec extravagance et adulée de toute la jet-set des années 30.
Ainsi peut-on voir une reconstitution d’une vitrine d’époque de la maison Schiaparelli, dans laquelle figurent les flacons de parfum crées par Dali.
Un plateau de défilé en forme de vague présente également un florilège de ses modèles et accessoires comme le chapeau-chaussure.
La dernière salle de l'exposition réunit également de très belles pièces comme les bijoux créés par Dali, dont les fameuses broches "Rubis lips" et "Starfish" de Dali, ou le bracelet fourrure de Meret Oppenheim inspiré par "La Vénus en fourrure" de Sacher Masoch qu'il déclina aussi en extraordinaire service à déjeuner.
Même si a vogue des surréalistes cesse avec la seconde guerre mondiale, leur influence perdure ainsi que l'atteste la présentation du mobilier créé par des architectes décorateurs de sgénérations suivantes comme Carlo Mollino et Frederick Kiesler.
Les objets surréalistes ne firent jamais l'objet d'une commercialisation de masse . Sans doute parce qu'ils constituaient encore des oeuvres d'art qui, contrairement à ce qui allait devenir le design, ne répondaient pas aux impératifs d'une production industrielle. |