Ce qui est triste est-il toujours beau ? Vous avez 2 heures avant que je ramasse les copies. Soyez inspirés !
La réponse à cette question pour le moins universelle et indémodable pourrait bien avoir à faire avec les quelques 40 minutes de Hands accross the void, de Tiny Vipers. Dépouillé à l'extrême, ce disque est porté par la guitare, les textes et la voix de cette petite vipère.
Fragile et rêche comme une roche volcanique, Jesy Fortino bout à l'intérieur et sa musique faussement paisible n'est que le calme avant la tempête.
Sa voix chaude et rugueuse n'est pas sans rappeler Kristin Hersh ("On this side") et sa guitare sèche, très sèche, a des échos de Cat Power ou de Will Oldham comme sur "Campfire ressemblance" sur lequel un choeur vient renforcer tout en douceur, telle une berceuse la puissance mélancolique de la mélodie et des mots.
Mots qui, une fois n'est pas coutume, ne sont pas les seuls catalyseurs de l'émotion du disque. Trop souvent, en effet, il peut apparaître frustrant de ne pas maîtriser la langue anglaise et de passer à côté d'un disque musicalement pénible et pourtant riche en écriture. Avec ce disque, Tiny Vipers réconcilie largement les 2 camps car la musique de chaque titre est vecteur d'émotion tout autant que les mots (et la voix superbe n'est pas neutre dans l'histoire).
Mieux encore, la demoiselle ose 2 titres de 10 et 8 minutes pour conclure l'album dont la progression et les variations de chacun donnent envie qu'ils ne s'arrêtent jamais.
Dure descente alors quand le silence fait place à la délicate beauté de ces 7 chansons... Il ne reste plus qu'à se passer d'urgence un bon gros Pixies pour ramasser les miettes.
Quoi qu'il en soit, on le sait désormais : oui, ce qui est triste est beau. Et même parfois, ce n'est absolument pas chiant ! Comme quoi la musique a du bon.
A traverser le néant, les mains de Tiny Vipers ont fini par écrire de bien belles choses et on espère déjà une suite à son grand malheur, cruels que nous sommes ... Mais c'est tellement bon. |