Comédie de Shakespeare, mise en scène de Nicole Gros, avec Jean-Yves Voyeux, Gérard Cheylus, Nicole Dubois, Isabelle Hétier, Antonio Labatti, Esmeralda Marzo, Romaric Maucoeur, Eric Moscardo, Alexandre Mousset, Jean-Jacques Nervest, Rémy Oppert et Philippe Renon.
Nicole Gros, auteur, comédienne et metteur en scène, affectionne le registre du travestissement. Après le travestissement des sentiments décliné dans la société libertine du 18ème siècle français avec "Les liaison dangereuses", qu'elle a monté en 2006, elle explore l'illusion des faux semblants vue par le maître anglais du 17ème siècle avec "La nuit des rois" de Shakespeare.
Basée sur l'inversion des conditions et des sexes permise lors des fêtes de l'Epiphanie, "La nuit des rois" est une comédie des erreurs, avec le levier du travestissement et de la double voire triple méprise, de l’ambiguïté du désir et de la singularité de l’amour, sur fond de carnaval.
Sur trame alternée de romance et de comédie, alors que les maîtres sont sentimentalement troublés ou enflammés par une jeune fille de bonne famille en page travestie, les valets ridiculisent un intendant prétentieux et obséquieux en lui faisant croire qu’il est aimé de la maîtresse de maison.
Le Duc Orsino aime Olivia, une belle indifférente qui renonce au monde pour porter le deuil de son père et de son frère. Viola, déguisée en homme, entre à son service, s’éprend de lui tout en lui inspirant une affection plus que fraternelle, et inspire un amour passionné à Olivia après de laquelle elle est chargée de plaider la cause de son maître.
Antonio Labatti et Isabelle Hétier sont parfaits dans les rôles des cœurs soupirants et comment résister au feu sous la glace d’Esmeralda Marzo magnifique Olivia.
Le divertissement, particulièrement réussi, est mené par un quatuor endiablé qui régale le spectateur de scènes jubilatoire épiques et cocasses avec des personnages hauts en couleurs dont chaque comédien donne une belle réalité tant à leurs travers qu’à leur humanité.
Nicole Dubois, suivante malicieuse et pétulante, Jean-Jacques Nervest, truculent Sir Toby, Romaric Maucoeur, valet facétieux et Jean-Luc Voyeux, en Sir André tel une fusée de feu d’artifice, se jouent de Rémy Oppert qui campe avec aisance un Malvolio grotesque et pathétique.
Tout se déroule sous les auspices du fou, le bouffon mélancolique et clairvoyant, regard de l’auteur ou avatar du destin personne à qui Alexandre Mousset donne une dimension extraordinaire.
Gérard Cheylus, Eric Moscardo et Philippe Renon complètent cette belle distribution de comédiens chevronnés dont Nicole Gros orchestre le talent de manière judicieuse.
Soucieuse de la beauté de la plume de Shakespeare, elle met en valeur ses thématiques essentielles que sont la célébration de la vie et de l’amour et restitue les différentes couleurs de la pièce en ce qu’elle mêle émotion et humour, réalisme et fantaisie.
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