Comédie de Shakespeare, mise en scène de Julie Lavergne, avec Stanislas Briche, Elise Durel, Philippe Fossé, Célia Grincourt, Françoise
Levesque, Fred Maamar Fortas, Quentin Pradelle, Nicolas Siouffi, Fred Siuen et Bertrand Tschaen.
Inspirée d'un conte du Décaméron de Boccace, "Tout est bien qui finit bien" est une oeuvre vive et romanesque dont le titre annonce la couleur. Mais avant la dernière réplique, "Et maintenant que chacun donne libre cours à sa joie", qui cèle, pour le plus grand bonheur du spectateur, la mission accomplie, Shakespeare convie ce dernier à un divertissement en forme de feu d'artifice stylistique.
Par ailleurs, sous la comédie domestique et le triomphe de la femme, tributaire d'une condition ("...pauvres créatures à qui notre humble étoile ne permet que les souhaits et non les choix...") qui l'oblige à agir par ruse, une ruse d'autant plus déterminée en matière amoureuse, qui pourrait illustrer le proverbe "Ce que femme veut Dieu le veut", Shakespeare livre une profession de foi sur la revanche des opprimés.
En l'occurence, celle du peuple, symbolisée par Hélène, jeune fille intelligente, jolie et érudite, de condition modeste, face à l'oligarchie des privilégiés épinglée dans le personnage caricatural de l'aristocrate vaniteux et méprisant.
Julie Lavergne a bien compris l’humeur et le propos de Shakespeare et déploie une mise en scène intelligente, pétillante et adéquate au texte étonnamment moderne. De plus, elle a su réunir et diriger une distribution sans fausse note.
Aux côtés de Célia Grincourt, Fred Sieun, Bertrand Tschaen, à la faconde prometteuse et Quentin Pradelle dans une belle composition de clown très réaliste, tous, du roi, Philippe Fossé à la belle stature de roi sage et humaniste, de son conseiller fidèle et pragmatique (Fred Maamar Fortas), à la comtesse, Françoise Levesque, parfaite dans ce rôle du répertoire très convoité, sont conquis par Hélène à qui Elise Durel confère la douceur, la pureté, la grâce de la jeune première mais aussi la détermination implacable et farouche de l’amoureuse face à Nicolas Siouffi qui campe, avec un réalisme plus vrai que nature, l'odieux blanc bec.
Tous les comédiens sont excellents, chacun dans le registre et l'univers de leur personnage, à qui ils donnent un beau relief sans y trouver un prétexte warholien, ce qui donne un tableau impressionniste très réussi à la palette colorée et pleine de fantaisie.
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