Les étés se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Entre pluie incessante et canicule, il n'y a pas toujours de juste milieu et cette année, il est dit que la région parisienne est plus tendance ciel gris que teint halé.
Côté Festival Indétentances, c'est un peu pareil, tantôt grisouille et tantôt plein soleil. Ce vendredi là, c'était comme le temps, nuageux et incertain.
Comme le dit le programmateur de ce toujours agréable festival en plein air et gratuit en plein centre de Paris, il en faut pour tout le monde …
Cette fois-ci, le monde à l'honneur était celui de l'électro tendance à la française en la personne de 3 groupes, déjà bien en place sur la scène parisienne et nationale et même un peu au-delà des frontières : Scratch Massive, Wax Tailor et Black Strobe.
A électro, électro et demie cependant et de Scratch Massive à Black Strobe, il y a autant de différences qu'entre Yvette Horner et Yann Tiersen.
Difficile, en effet, de mettre dans le même panier 2 Djs (dont une Djette) peu inspirés qui semble s'ennuyer ferme sur scène et les rockers à moustache de Black Strobe, toutes guitares dehors. Le combat n'est pas des plus équilibrés dès le départ.
Bref, Scratch Massive ouvre donc le bal (et je pèse mes mots) à 18h, devant un parterre déjà bien rempli, surtout pour un vendredi soir sous un ciel menaçant !
Scratch Massive, c'est donc un duo derrière (très derrière au moins qu'il est difficile parfois d'apercevoir un bout de nez) des platines et autres outils électroniques et qui balance des mixes électro à tendance transe.
Ces éternels espoirs de la scène électro française semblent tout de même un peu blasés et le clown sur le t-shirt du DJ contraste avec le manque d'entrain et le côté un peu trop martial de la prestation.
Sachez tout de même, pour les fans (et à voir les bras s'agiter et les jambes remuer dans le public, il y en a), qu'ils seront à la Cigale à la rentrée (en espérant une meilleure présence scénique à ce moment là).
Après ce tour de chauffe, certes peu enthousiasmant, mais pendant lequel le quai et les trottoirs le surplombant se sont remplis d'une foule dense et disposée à danser, ce sont les Wax Tailor qui arrivent sur scène.
Wax Tailor, ce n'est déjà plus vraiment de l'électro. C'est un mélange de hip hop, de trip hop avec tout ce que cela comporte comme ingrédients de base (jazz, electro, pop, rap …).
D'abord c'est un DJ plus sobre, presque trop parfois, qui laisse la part belle aux instruments traditionnels tels que le violoncelle ou la flûte traversière (essayez de faire du hip hop à la flûte, vous …) ainsi que, occasionnellement, à une belle voix que l'on aurait souhaité plus présente.
Hors du contexte un peu fête foraine en plein jour du festival, la musique de Wax Tailor a de quoi fasciner, tout autant que les beaux yeux de la flûtiste. Parfois assez proche de Portishead, la musique de Wax Tailor semble pourtant un peu répétitive d'un morceau à l'autre.
Pourtant, cet effet est largement estompé sur les albums. On mettra donc ce souci sur le compte d'un concert en plein jour.
Quoi qu'il en soit le mélange audacieux de rythmes et de sons électro avec des instruments classiques, même si ce n'est pas nouveau, est ici fort bien géré et si, contrairement à ce que disait le maître de cérémonie de ce festival, ce n'est pas forcément la musique qui vous fera tenir toute la nuit avec une fille, c'est tout de même une musique bien sympathique pour flirter, et c'est bien rare dans l'électro.
Avec Black Strobe, qui terminera cette 3ème soirée du festival, le stade du flirt est largement dépassé.
On part plutôt avec la bande à Arnaud Rebotoni pour une longue nuit de sexe façon "je t'aime moi non plus" !
Les 4 méchants garçons aussitôt sur scène tournent le dos au public et entament leur set… changement d'ambiance radical avec le rock électro rentre dedans de Rebotoni.
C'est noir, ça va à 200 à l'heure et les guitares livrent bataille contre les séquenceurs. Les yeux fermés on pourrait croire à du Young Gods. La nuit arrive, c'est un signe. Tout en noir et cheveux gominés, Arnaud Rebotoni et ses moustaches de hell's angel harangue le public d'un air méchant.
Le public n'attend que cela pour s'agiter sur les coups de boutoir des Black Strobe. La frontière longtemps infranchissable entre rock et électro éclate en mille morceaux.
Dans ses Dr Martens, Rebotoni, un des piliers de la French Touch de l'époque, fait voler en éclat les théories et réconcilie les publics.
La messe est dite. Amen. Vous pouvez vous repeigner ! |