Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Susanna Lastreto
Interview  (Paris)  3 août 2007

Susana Lastreto, auteur, comédienne, metteur en scène, professeur d’art dramatique, fondatrice de la Compagnie G.R.R.R. est aussi à l’origine de la création de "En compagnie(s) d’été" qui chaque année investit le théâtre 14 pour une programmation estivale étonnante et roborative.

Nous l’avons donc rencontré à cette occasion.

Partons du général au particulier. Pouvez-vous nous présenter cette initiative de créer "En compagnie(s) d’été" ?

Susana Lastreto : Le point de départ résulte d’un constat qui est que beaucoup de compagnies en France ont un problème de diffusion de leurs spectacles et de lieux pour les jouer quand elles ne disposent pas d’un lieu permanent ou ne sont pas en résidence. Comme moi d’ailleurs, malgré tout ce que j’ai fait. A un moment, nous étions 3 compagnies à l’origine de ce projet et notre réflexion a été de renoncer à trouver une friche ou un hangar, c’est-à-dire un lieu non aménagé qui nécessitait un gros investissement dont nous ne disposions pas, et de nous adresser aux théâtres qui ferment l’été en leur proposant d’utiliser leurs scènes.

A ce moment là, Bertrand Delanoé venait d’être élu maire de Paris et plusieurs mairies changeaient d’équipes donc cela nous a paru un moment opportun pour leur proposer notre projet. Nos avons donc contacté toutes les mairies d’arrondissement et nous avons choisi parmi les réponse positives celle du 14ème arrondissement qui a été la plus enthousiaste et la plus engagée sur ce projet. Danièle Pourtaud, adjointe au maire de Paris, déléguée auprès de la mairie du 14ème à la vie culturelle et au patrimoine, nous a beaucoup soutenu avec Anne Perrot et Christophe Gérard.

Ensuite, il a fallu trouver un lieu, ce qui ne fut pas aisé, mais j’avais chance de connaître Emmanuel Dechartre, le directeur du Théâtre 14, qui avait déjà programmé un de mes spectacles dans la programmation d’hiver. Il m’a fait confiance et m’a confié les clés du théâtre que nous avons donc investi avec notre propre équipe technique de manière à ne pas faire appel aux permanents du théâtre qui partaient en vacances. Et je tiens à ce qu’il en soit ainsi. Certains pensent à tort que le théâtre ne nous aide pas. Mais son aide précieuse est tout simplement de nous donner des locaux pour jouer ce qui est tout à fait quantifiable en termes financiers.

Vous bénéficiez également de la notoriété du théâtre.

Susana Lastreto : Oui, tout à fait. Et le théâtre 14 nous a renouvelé sa confiance au fil des années. Je pensais au début que cette initiative ferait boule de neige et que d’autres théâtres relaieraient cette initiative en ouvrant leur scène pendant l’été. Je pensais ainsi, certainement de manière utopiste, que cela pourrait entraîner une mutualisation et une fédération des expériences et de moyens notamment de la publicité autour de cet événement. Cela ne s’est pas produit et seule la mairie du 14ème continue à nous soutenir en s’investissant davantage encore.

Au début elle nous apportait un soutien logistique et maintenant elle nous achète des places pour le spectacle pour enfant pour les habitants du quartier par exemple. Toutes les autres institutions qui auraient pu nous aider ne l’ont pas fait. Pourquoi ? Je ne sais pas et je ne veux pas entrer dans de vaines polémiques. Mais cela fait partie des vraies difficultés.

La question pertinente n’est pas "Pourquoi y a-t-il peu de spectateurs qui viennent ," mais "Comment faites-vous pour qu’il y ait du public qui vienne avec si peu de moyens et de couverture publicitaire et médiatique ?". Pour cette saison, nous avons 250 affiches dans tout Paris et 5 000 dépliants et nous ne pouvons pas faire plus car les encarts dans des journaux spécialisés ou les colonnes Morice sont hors de notre portée. Ce qui est très peu et insuffisant.

En revanche, vous avez une belle couverture médiatique sur Internet.

Susana Lastreto : Oui. Et il faut donc être fou comme nous le sommes pour persévérer et tenir ce pari. Chaque année nous nous disons que nous ne continuerons pas et puis, on se dit que nous n’avons pas envie d’aller sur les plages, donc nous allons au théâtre ! Le côté très positif est de nous permettre de créer nos spectacles, comme moi avec ma compagnie. Ainsi "Nuit d’été loin des Andes" a été créée ici et je continue à tourner avec ce spectacle depuis 2003 dans le monde entier. Cela nous permet aussi d’avoir de la presse pour soutenir les spectacles qui pourront ensuite être programmés dans un autre lieu.

J’ai eu beaucoup de résistance à ce que cet événement soit qualifié de "festival" car pour moi ce terme implique qu’un spectacle fasse l’objet de 2 ou 3 représentations. Or ici, le spectacle peut rester tout le mois même si cette année nous avons privilégié la programme par semaine. Cela fait six représentations en série qui me paraît être un bon format. Cela est cependant modulable et dépend de l’investissement de chaque compagnie dans ce projet car je n’en suis pas la directrice. Je leur propose un outil mais je souhaite que cela se passe en commun avec une mutualisation des expériences et nous partageons même les recettes. Cela implique aussi le partage des tâches comme le ménage. Ce projet revêt donc un caractère militant.

Les difficultés tiennent à faire venir le gens du quartier qui ne viennent d’ailleurs pas l’hiver et ne connaissent même pas l’existence de ce théâtre. Il faudrait aussi de l’argent pour la médiatisation du lieu. Or, cela est très onéreux. La subvention de la mairie de Paris et de la mairie du 14ème ne nous permet pas de faire davantage que ce que nous faisons.

Comment s’effectue le choix des compagnies qui participent à Compagnies en été ?

Susana Lastreto : Le choix est effectuée par l’équipe permanente qui travaille avec moi de manière quasi familiale et moi-même. La ligne directrice est le théâtre de création, qu’il soit le fruit de compagnies un peu chevronnées comme la Compagnie Compteur zéro avec "Manouche, pas touche" ou toute jeune, comme la Compagne Ici et Là qui présente avec "Georgette va au supermarché" sa première création par de jeunes élèves qu sortent de l’Ecole Jacques Lecoq dans laquelle j’enseigne, ainsi que la programmation de textes contemporains, comme cette année ceux de Hugo Paviot.

L’idée est de surprendre et de présenter des choses inattendues. Ainsi on ne monte pas un classique, cela pourrait d’ailleurs mais l’angle d’attaque et le point de vue doivent être particuliers. Ainsi "Manouche pas touche" porte un regard sur les gitans, "Georgette va au supermarché" travaille sur le mouvement et "Félicité dans un arbre" est un texte adapté d’un auteur américain, Grace Paley. Je ne sais pas s’il y a un lien de causalité mais ce sont souvent des projets de femmes et il me parait qu’elles ont moins la possibilité de s’exprimer quand on regarde le panorama du théâtre français.

Elles sont aussi plus hardies que les hommes en faisant des expériences avec une grande prise de risque alors que les hommes restent classiques.

Susana Lastreto : Cette année, il y a quand même deux hommes ! (rires) Hugo Paviot et Bruno Allain qui est également un auteur reconnu et qui présente "Inaugurations" composé d’une série de pastiches de discours d’inauguration avec un sens politique sur la langue de bois. Mon idée est toujours souterrainement politique et apparemment très légère. Je pense qu'il ne faut pas s’ennuyer au théâtre car on peut dire des chose très fortes de façon légère. Ensuite les gens voient ou pas le sens profond des choses. Comme "Amoureusement votre" qui est tragique puisque cela se finit par la mort. Nous proposons un spectacle à plusieurs niveaux de lecture et le public choisit ce qui l’intéresse.

Votre compagnie G.R.R.R est le pivot de cet événement. Elle a été créée en 1998, ce qui est jeune, et simultanément faire vivre une compagnie pendant près de dix ans relève de l’exploit.

Susana Lastreto : Oui, d’autant que, et pour des raisons qui m’échappent totalement, je n’ai jamais réussi à obtenir que cette compagnie soit conventionnée. Par exemple, le théâtre 14 n’est pas considéré comme un lieu de résidence par la DRAC. Cela étant, j’ai été aidé pour les spectacles de la compagnie, une fois tous les deux ans, et toujours de manière ponctuelle. En tant qu’artiste, j’ai été reconnue à maintes reprises par l’ADAMI et la SACD mais jamais en obtenant une aide de fonctionnement, si je peux dire, pour se projeter dans l’avenir. A chaque projet, il faut partir à la recherche d’aides.

Cette compagnie est composée comme la plupart des compagnies de la réunion informelle de comédiens et de gens du théâtre ?

Susana Lastreto : Oui, tout à fait. Ainsi je connais Annabel de Courson qui compose toutes les musiques de mes spectacles depuis 20 ans. De même pour François Frapier avec qui nous avions monté une compagnie dans la région Centre. Il y a un noyau de personnes qui se connaissent depuis longtemps et, autour de ce noyau il y a des électrons libres qui participent de manière ponctuelle aux projets de la compagnie et qui sont de toutes nationalités et de tous registres. Donc cela constitue un réseau énorme de personnes sur lesquels je peux compter. Reste le problème financier. Ce qui est inquiétant pour l’avenir même si étant sud américaine je peux faire des choses avec trois clopinettes ! (rires).

Votre compagnie propose deux spectacles dans cette édition de "En compagnie(s) d’été.

Susana Lastreto : Le premier c’est "Amoureusement votre" est une sorte de tragi-comédie musicale sur l’amour, le désir et le temps qui passe et qui emporte tout, cela à travers la journée d’un couple qui fête ses 75 ans de mariage. Pour moi il s’agit aussi de voir comment on peut tout transcender avec l’art et trouver une solution. L'humain trouve toujours une solution pour sortir de l’impasse. Le second "Nuit d’été loin des Andes" ne fera l’objet que de 2 représentations en introduction de sa programmation en reprise à l’Atalante du 12 septembre au 15 octobre 2007.

Je suis seule sur scène accompagnée d’Annabel de Courson au bandonéon, l’instrument par excellence du tango, qui est une des rares bandonéonistes françaises. Ce spectacle montre le regard ‘une immigrée qui découvre le pays dans lequel elle est censée s’adapter avec toutes les difficultés inhérentes à cet état qui continuent à être, hélas, d'actualité même si je raconte des choses de ma génération. En la forme, il s’agit d’un monologue dans lequel je suis une sorte de clown métaphysique un peu disjoncté.

Avez-vous d’ores et déjà d’autres projets dont on peut parler ?

Susana Lastreto : Une de mes pièces, "Dans l’ombre", va exceptionnellement, car je préfère monter mes pièces moi-même, être mise en scène par Agathe Alexis que j’aime beaucoup et qui comprend mon travail. Elle sera interprétée par François Frapier, Michel Ouimet et Marie Desmarets et se jouera également à la rentrée à l’Atalante. Le sujet en est plus grave car il aborde la torture et les disparus en Amérique latine mais pas uniquement. Cela traite de ce que l’on perd et de ce qu’on retrouve et des utopie perdues ou pas.

Par ailleurs, j’ai un projet personnel qui s’inscrit dans un registre nouveau pour moi qui est la réalisation d’un court-métrage dont le titre est "Par la trappe". Je souhaite faire du cinéma et je me lance avec ce projet, qui se situe dans le milieu du théâtre, comme préfiguration d’un long métrage que je voudrais tourner en 2008 mais pour lequel je cherche une production. Et puis il y "En compagnie(s) en été" dont je ne sais encore quelles seront les modalités pour 2008.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique du spectacle "Amoureusement votre"
La chronique du spectacle "Georgette va au supermarché"
La chronique du spectacle "Manouche pas touche"


MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=