Dans l’exotique petit pavillon russe, la commissaire Olga Sviblova, directrice du Multimedia Art Center de Moscou, a conçu l’exposition "Click I hope" comme un lieu interactif consacré à la communication, au questionnement sur l’ère de la sur-information et l’interdépendance des différents médias contemporains.
Ainsi, les écrans placés comme revêtement mural de "Shower", la cabine de douche lobomisante d’Alexander Ponomarev et Arseny Mescheryakov, dédiée à Nam-June Park, le pionnier de l’art vidéo, montre l’impérialisme culturel, voire la dictature, du média télévisuel.
Elle diffuse des images d’un millier de chaînes, symbole de l’univers contemporains saturé d’images et d’informations.
Le monde virtuel est le sujet retenu par le collectif AES+F (Tatyana Arzamasova, Lev Evzovitch, Evgeny Svyatsky et Vladimir Fridkes).
Il propose "Last riot" un très intéressant, fascinant et dérangeant montage d’images sur la musique de Wagner mettant en scène, dans une ère cybernétique, le simulacre de jeux meurtriers exécutés par de jeunes adolescents androgynes.
Alexander Ponomarev présente également avec "Wave", installation composée d’un long tunnel de verre rempli d’eau dont le flux et le reflux suivent le rythme de ses pulsations respiratoires, métaphore de la liberté créative et démiurgique de l’artiste.
En événement collatéral, l’art contemporain russe se décline, en ville, avec l’exposition "Ruin Russia" dans le presbytère de l’Eglise San Stae.
La Stella Art Foundation, institution culturelle à but non lucratif investie dans la promotion des artistes émergents créée par la célèbre galeriste Stella Kay, propose une exposition de photographies d’un jeune photographe moscovite, Stas Polnarev, qui a immortalisé les vestiges du Russia Hotel à Moscou récemment détruit.
Situé près du Kremlin et de la Place Rouge, le Russia Hotel, l’un des grand hôtels d’Europe, constituait un gigantesque complexe hôtelier implanté sur 13 hectares comportant 12 bâtiments, dont des salles de spectacles et de congrès, et plus de 2 000 chambres, parfait illustration de l’architecture stalinienne.
Stas Polnarev s’est promené dans le site voué à la démolition pour y capter les dernières émanations.
Ses tirages grands formats se situent dans le registre de la photographie documentaire contemporaine particulièrement versée dans la thématique des friches industrielles et des sites immobiliers en cours de destruction et par le cadrage se rapprochent également de la photographie plasticienne,
De là, un questionnement sur la mémoire des lieux et des bâtiments, la place de l’architecture considérée comme un des beaux-arts dans le patrimoine culturel et la temporalité non seulement des choses mais également des émotions. |