Comédie dramatique de Matéi Visniec, mise en scène de Victor Quezada-Perez avec François Hatt, Victor Quezada-Perez et Rémi Saintot.
Dans une salle d'attente (qui pourrait presque symboliser le purgatoire), deux clowns répondant à une annonce d'emploi attendent. Dans leurs costumes fatigués, ils se jaugent, se défient. Leurs habits sont comme eux : usés par les années de galères et de chômage. Les couleurs sont passées, l'oeil est moins vif et les doutes se sont insinués. Un troisième arrive.
Et après l' harassement, au détour d'une phrase, d'un souvenir, la passion renaît brusquement. Et l'un après l'autre se prend à rejouer devant ses camarades un dernier numéro pour avoir au moins l'illusion de remonter en scène...
"Petit boulot pour vieux clown", pièce de Matéi Visniec (auteur d'origine Roumaine), écrite au début des années 90, est amère et drôle, sans concession mais lucide sur le métier de saltimbanque. Elle dépeint le parcours de ces trois compères qui, de déception en déception, deviennent un peu plus gris chaque jour... Avec malgré tout, l'espoir tapi dans l'ombre d'approcher une fois la gloire.
On voit bien leur relation faite de tendresse et de jalousie où chacun aperçoit son propre désespoir dans le miroir que l'autre lui tend et où le rire est l'antidote à la mort. A la façon d'une comédie Italienne d'Ettore Scola ou de Dino Risi, Visniec a écrit une fable tendre et cruelle sur la vie d'artiste. Et la vie qui passe, tout court...
Le travail de la Compagnie Umbral est très intéressant, donnant de ce texte une version ludique et fidèle au propos. Les trois comédiens sont tous formidables et habilement dirigés par Victor Quezada-Perez. Entre chuchotement et cris, on passe de la gravité à la bouffonnerie en un soupir et la nostalgie est là derrière le maquillage.
On sent bien ce mélange de camaraderie et de mesquinerie qui fait l'ambiguïté de ces artistes brisés et les rend tellement crédibles. De ce fait, leur lutte pour un ultime tour de piste parait si dérisoire et en même temps sublimement essentielle.
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