Libération
a choisi le Zèbre, ancien cinéma reconverti en salle de cirque,
pour offrir à ses lecteurs un concert privé des Devics,
concert qu'ils nous avaient annoncé (cf. interview de mars 2003)…mais peut être dans une autre
salle . Comme toujours dans ces cas-là, les invités se concentrent
sur le côté alimentaire de la soirée, comme s'ils avaient
longtemps attendu le moment d'ingurgiter de banals toasts au chèvre arrosé
d'un canon de gros rouge !
Sara Lov, installée à l'étage, croque une feuille de salade
et nous fait part de sa joie de venir à Paris, ville qui est la plus
belle à ses yeux, concert coincé in extremis entre deux dates
entre Zagreb et Bologne. Pêle mêle, elle évoque leur rythme
effréné des derniers jours, la qualité de la nourriture
italienne, les bons fromages français, leur attachement pour Saint Andréa
où résident leurs amis qui mettent à leur disposition notamment
leur studio d'enregistrement, endroit où ils ont enregistré leur
dernier album "Stars
at Saint Andréa"…
En première partie, l'intimiste et timide John Cunningham,
songwriter confidentiel s'il en est, nous offre modestement un petit set acoustique
de chansons folk, sollicitant notre indulgence, hésitant et paumes moites,
parce qu'il n'a pas joué depuis longtemps. On peut se demander ce qu'il
vient faire dans cette galère où les indispensables papotis des
amis qui attendent ce moment-là pour s'épancher des derniers potins
couvrent parfois sa voix.
Même traitement pour les Devics, bien évidemment, même si
les nuisances sonores parviennent à être étouffées
par la musique.
Le quartet de Devics va nous dispenser les meilleurs morceaux de son dernier
album panachés avec des titres de l'album précédent "My
beautiful sinking ship" ("Heart and hands", "Alone
with you"...) pour finir sur une "vieille chanson" "Firehead".
Les morceaux s'enchainent les un aux autres sans heurt, suivant un fidèle
registre dream-pop qui leur donne un "son".
Sur des cascades de piano, basse, contrebasse et guitare, ils nous distillent
des ballades mélancoliques et ambigues qui évoquent les ambiances
enfumées des arrières salles, des fumoirs ou des cabarets que
ne renieraient pas Scott Fitzgerald. Il s'agit bien d'une musique d'atmosphère
(et non une musique atmosphérique au sens où on l'entend pour
Sigur Ros par exemple) et cinétique qui égrène les notes
comme le temps.
Et puis, il y a la voix de porcelaine de Sara Lov , petite Heidi aux mèches
platine qui s'échappent de son petit chapeau boule des années
folles, au phrasé si singulier !
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