Le Musée des Arts Décoratifs présente "Guidette Carbonnel, céramiste oui, mais artiste avant tout" une exposition synthétique de l'oeuvre de la plus grande céramiste française.
Née en 1910, elle se fait remarquer dès sa première exposition au Salon d'automne de 1928 par la fraîcheur de ses émaux blancs aux touches acides.
Dès lors, elle ne cessera d'innover tout en restant fidèle à son inspiration première et son œuvre, qui demeure très personnelle, reflète l'histoire des arts décoratifs sur un demi siècle, de la dimension plasticienne de la céramique à son intégration dans la sphère architecturale, en passant par sa diffusion comme objet décoratif usuel, et de son évolution vers l'abstraction.
Guidette Carbonnel : Profession : potière
Signes particuliers : technique du modelage et de la sculpture des matériaux, choix de la faïence pour sa grande palette chromatique, inspiration biblique et mythologique et création d'un bestiaire fabuleux.
Cette exposition intéressera aussi bien l'amateur éclairé par la qualité et le caractère novateur des créations exposées que le néophyte par le caractère fantaisiste et plaisant des œuvres présentées et tous deux déploreront qu'elle ne soit plus étendue.
Un bestiaire enchanté et symbolique : il était une fois une poule un lion et un hibou…
Dans la tradition de l'âge d'or de la faïence européenne de la Renaissance, Guidette Carbonell puise son inspiration dans les récits bibliques et mythologiques peuplés de figures légendaires et d'animaux emblématiques qui vont au fil des années constituer un bestiaire symbolique.
Des lions ronds faisant le gros dos comme de placides matous ou ornés de gros sourcils et de grosses moustaches pour paraître méchants se transforment en pique fleurs, grimpent en haut du pied de lampe ou entourent Adam et Eve avec une grâce toute juvénile.
De la fantaisie expressionniste à l'abstraction
Le modelé très nerveux de Guidette Carbonell restitue en rond de bosse la grâce des postures animales qui sont toujours montrées de manière bienveillante.
Les gallinacés et les oiseaux ont la part belle dans son œuvre et sa proximité avec les peintres abstraits de l'Ecole de Paris la conduit vers une recherche de stylisation qui aboutit aux épures en noir et blanc que sont ses oiseaux lumineux ("La poule noire", "La poule qui freine").
Fantaisie et exploration des matières pour ses "Idoles" petites sculptures qui tendent également à la fois vers une abstraction géométrique et des hybridations comme ses oiseaux-fleurs.
Avec le temps, elle se consacre davantage à la recherche formelle et expérimente le vitrail et le textile avec notamment ses tapisseries-poèmes.
Des arts décoratifs à la céramique architecturale
Guidette Carbonell débute par la céramique d'objet avec des surcharges d'émaux, travaillant les effets de relief et de matières notamment par inclusions de pierres ou de morceaux de verre comme ce "Poussin" qui accompagne l"Oiseau avalant des mouches".
Travaillant pour la Compagnie des Arts Décoratifs et la galerie d'avant garde Jeanne Bucher, elle investit la décoration intérieure avant d'aborder la céramique architecturale.
De sa collaboration avec les architectes de la reconstruction dans la décennie qui suivra la seconde guerre mondiale, naîtront, entre autres, des compositions murales sous formes de panneaux composés de carreaux de faïence industriels, de galets et d'ardoises.
Ainsi que les étonnantes "Harpies", grandes figures totémiques plates en ciment représentant des créatures mythologiques aux yeux effarés, déclinaisons de ses petites idoles, destinées à une exposition en extérieur.
Une artiste, oui... |