Comédie dramatique de Henning Mankell, mise en scène d'Alain Batis avec David Arribe, Patrick Palmero, Laetitia Poulalion, Axelle Simon et Régine Trieau.
La notoriété européenne de l'écrivain suédois Henning Mankell tient surtout à ses romans policiers avec son sombre héros récurrent, l'inspecteur Kurt Wallander.
Mais il est également auteur dramatique et Alain Batis a choisi de monter une de ses pièces, une comédie dramatique qui traite des jeux interdits de l'enfance et tient tant du conte fantastique, de la fable poétique que de la parabole initiatique.
Dans "L'assassin sans scrupules, Karlsson dévoile la terrible vérité : comment la femme est morte de froid sur le pont de chemin de fer", un homme revient dans le pays de son enfance et sur son passé et interroge l'enfant qu'il a été en revivant un épisode douloureux qui l'a amené, sous l'influence d'un jeune garçon étrange et diabolique, à harceler des victimes innocentes, des femmes qui n'étaient pas comme les autres. A moins que cet esprit maléfique ne soit que son double psychique.
Car dans ce texte dense, riche et tout à fait étonnant, rien n'est affirmé ni patent. Des bribes de réponse et des pistes de réflexion sont simplement ébauchées comme les traces des raquettes dans la neige dont seul le randonneur de la pensée peut deviner où elles mènent.
Alain Batis se montre particulièrement intéressé et inspiré par des textes à lectures multiples et les univers à la limite du réel, du fantastique et de la métaphore onirique. Il excelle à traiter les atmosphères brumeuses et les mondes duels, et, ici, à suggérer ces contrées nordiques à la lumière trouble, balayées par le froid, le vent et la neige, à moins que ce ne soit les recoins sombres de la mémoire.
Face à David Arribe qui donne au personnage du lutin maléfique une inquiétante étrangeté, la puissance et la finesse d'interprétation de Patrick Palmero, comédien rare, est saisissante dans l'incarnation de ce voyage au coeur de la conscience dans lequel on ne sait s'il est manipulé ou manipulateur.
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