Fraise vanille. Prononcez Rezvani. Rezvani, Serge de son prénom et auteur compositeur de quelques incontournables musiques de films de la Nouvelle Vague, de Godard à Truffaut interprétées et immortalisées par de bien belles femmes dont bien entendu Jeanne Moreau ou encore Anna Karina.
Mais cette époque est finie. Aujourd'hui, rares sont les actrices qui donnent de la voix. On est plutôt dans une phase top model sur le retour qui pousse la chansonnette sans grande inspiration, souvent en reprenant des classiques des années yéyé ou de grands textes de poètes anglais. Bref, vous voyez ce que je veux dire.
Helena Noguerra n'a pas de chance a priori puisque elle fut top model et qu'elle arrive avec cet album fait de reprises d'une poignée de chansons de Serge Rezvani. Et si je n'avais pas eu la chance de voir la demoiselle en concert peu de temps avant, je ne suis pas certain que j'aurais donné bien cher de la peau de ce Fraise Vanille. Et pourtant... Il faut reconnaitre que c'est une réussite à la hauteur du challenge.
Helena réussit en effet à s'approprier ces mélodies qui appartiennent sinon au domaine public au moins à tout un chacun.
Comme lors du live et malgré le casting prestigieux figurant sur ce disque (Vincent Delerm, Philippe Katerine, Julien Baer...), les arrangements ne sont jamais lourds, les duos toujours très délicats et tout est mis au service des chansons, même si Vincent Delerm sur "Les mots de rien" ne peut pas s'empêcher de jouer avec sa voix... agaçante.
Cerise sur le sorbet, "Caresse moi, j'adore ça" est un titre inédit composé par Rezvani pour Noguerra et on se rend compte que le monsieur n'a rien perdu de sa plume, il sait toujours aussi bien faire chanter les belles femmes.
Un disque à la fois désuet, mélancolique et incroyablement frais, aussi pétillant que les yeux de son interprète. |