Que serait une année sans un album de Murat ? On ne préfère pas y penser. C'est un peu comme si on ne faisait pas de vendanges ... Impossible !
Pourtant cet automne, c'est avec prudence et circonspection que l'on attendait, fébrile, Charles et Léo.
Que se passe-t-il ? La source serait-elle tarie ? Où est passée la plume du plus prolifique et poète de la chanson française ? Le voici qui nous propose, mine de rien un album de reprises ! Encore un, serait-on tenté de dire après le très beau 1829.
Et bien oui, encore un et encore plus beau. Et toc !
C'est que notre Jean Louis, il ne reprend pas n'importe qui. Non, il reprend d'un seul coup Charles Baudelaire et Léo Ferré. Et en même temps en plus !
Pour les 150 ans de la mort de Baudelaire et sur les encouragements du fiston Ferré, Murat a donc entrepris de sortir de l'ombre quelques vieilles démos de Ferré sur lesquelles il avait mis en musique quelques textes des "Fleurs du mal".
Murat avait déjà repris joliment "Réversibilité" il y a quelques années. Ici, c'est donc tout un album qui fait honneur aux poètes que furent chacun dans leur genre Baudelaire et Ferré. Et Murat tient sans doute un peu du talent de chacun dans ses mots et dans sa musique.
Et il le prouve en faisant siennes ces 12 chansons qui pourraient sortir du répertoire de l'auvergnat.
On se rend compte tout au long de ce disque, exception faite de quelques termes malheureusement peu usités de notre époque, que les textes de Baudelaire sont étonnamment modernes et Murat réussit à en faire de vraies chansons pop et il est même parfois confondant de se laisser prendre par l'idée que nous sommes en train d'écouter des compositions originales de Murat lui-même.
Comme il aime le faire, Murat se fait accompagner ici par une voix féminine. Cette fois ci, il s'agit de celle de Morgane Imbeaud chanteuse du groupe Cocoon, autres auvergnats, dont le premier album sort d'ailleurs presque en même temps.
Les ambiances cabaret jazz ("L'horloge") côtoient des arrangements plus sombres et chamaniques ("A une mendiante rousse") et chacune d'elle apporte une lumière différente et adaptée à la chanson. Orchestration qui doit pourtant beaucoup à Ferré mais qui, ici, est transformée et personnalisée par Murat pour en faire des mélodies, sinon modernes, bien loin de sentir la poussière.
Pour que le plaisir soit complet, un DVD de 14 titres piano voix accompagne l'album. De quoi largement apprécier le travail de Murat puisqu'il nous offre au final 2 versions différentes de ces chansons.
Un disque hommage mais avant tout un album muratien à souhait. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, on peut imaginer un autre album de ses propres compositions dans peu de temps... |