Conception scénique et chorégraphique de Razerka Ben Sadia-Lavant autour d'un texte de Marguerite Duras, scénographie de Jane Joyet, création sonore de Michel Ochowiak et Philippe Mallier, avec Sarah Crépin et les voix de Jacques Dutronc et Tal Beït-Halachmi.
Avec le texte de Marguerite Duras, "L’homme assis dans le couloir", Razerka Ben Sadia-Lavant a conçu une pièce chorégraphique d’une beauté, d’une émotion et d’une intelligence absolues.
Concise, lumineuse, scandée par la "musica", cette mise en chair du verbe durassien, à l’incandescence glaciale et à la distanciation torride, est d’autant plus réussie que l'exercice était périlleux du fait de la structure énonciatrice et de "l'imagicité" du texte.
Ce dernier, dit à deux voix, les voix aux scansions à la fois atones et sensuelles de Jacques Dutronc et de Tal Beït-Halachmi, traque la jouissance, quête à jamais inachevée, de l'acte d'amour impossible. Le sexuel, épiphénomène de la pulsion de mort, est empreint d'une violence totale attisée par la perversité et le masochisme du désir féminin tel qu'il est conceptualisé par Marguerite Duras.
Sous le regard de l'autre, dont on ne sait qui il est vraiment et même s'il existe, l'homme, l'auteur, le spectateur, la partition est magnifiquement transcendée par Sarah Crépin, corps tendu jamais abandonné, corps archaique donné et repris, qui recrée la sphère du désir et ouvre son corps pour cette insondable plongée au plus profond de l’intime, "Voir l'amour se faire".
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