Depuis quelques années, la Poste invite régulièrement les artistes contemporains pour sa série artistique annuelle de timbres postes, le timbre étant devenu, comme le rappelle Gilbert Haffner, le directeur du Musée de la Poste, support d'art et messager d'une esthétique.
Sollicité dans ce cadre "philatélique", Claude Viallat a créé non pas directement un timbre mais une peinture de grande dimension qui a constitué la maquette dudit timbre.
Et comme depuis ses débuts il travaille uniquement sur des tissus, ayant à jamais banni toile et cadre, et que, d'origine nîmoise et élevé dans la culture de la corrida, cette peinture a été réalisée sur le tissu spécialement destiné à la confection des capes de toreros.
Par ailleurs, il a utilisé de vieux sacs postaux qui lui ont inspiré des "Toiles postales" qui font l'objet d'une exposition… au Musée de la Poste.
Des toiles qui s'inscrivent totalement dans sa démarche de création artistique qui est singulière à plus d'un titre.
En effet, fondateur de l'éphémère mouvement Supports/Surfaces, qui a néanmoins un espace consacré au Musée d'Art Moderne du Centre Pompidou, qui prônait en 1969 : "L'objet de la peinture, c'est la peinture elle-même et les tableaux exposés ne se rapportent qu'à eux-mêmes", Claude Viallat est resté fidèle à ce postulat.
Un postulat qui a généré une démarche de création artistique singulière voire paradoxale en s'imposant un schéma unique à partir de règles invariables, dont la répétition d'une forme unique, une forme oblongue, par la technique du pochoir.
Dans la mouvance du nouveau réalisme, qui rejette le support traditionnel de la toile et du châssis, préférant les tissus de récupération qui conditionnent la composition, il pratique le all-over répétitif issu de la technique innovée par Jason Pollock.
La démarche se se veut essentiellement spontanée à partir du travail sur la couleur uniquement pour ses qualités chromatiques intrinsèques.
Ainsi, joue-t-il essentiellement sur la valeur et l'intensité des couleurs ses seuls paramètres pour créer une oeuvre brute, d'aucuns parlent d"utopie rustique", reflet d'un inconscient archaïque qu'il ne cherche pas à analyser.
A partir de ce canevas, de réduction minimaliste des techniques pour aller à l'essentiel en terme fondement, le geste de l'artiste, il travaille de manière spontanée, intuitive, sans idée préconçue ni regret.
"J'accepte tout, je ne peux pas me tromper parce qu'étant donné que je n'attends rien, que je ne veux rien, que je pose les choses, je me fais un devoir de les accepter telles qu'elles sont"
Les Toiles postales lumineuses, pastels ou violentes sont autant d'étendards colorés pour faire voyager l'imaginaire sous le logo ailé de la Poste. |