Comédie dramatique adaptée par Xavier Jaillard d'après le roman de Romain Gary, avec Myriam Boyer, Aymen Saidi, Xavier Jaillard et Magid Bouali.
"La vie devant soi" est une comédie dramatique, comme la vie, avec ses épisodes cocasses, ses petits bonheurs et ses grands moments d'émotion. C'est aussi l'histoire de Madame Rosa, une femme ordinaire, anonyme, une juive émigrée, rescapée des camps de concentration qui n'a commis aucun des actes qui graveraient son nom dans le marbre des monuments publics.
Elle a simplement vécu, survécu, et élevé des enfants. Même pas les siens, des enfants perdus, oubliés, exclus, en leur inculquant
Xavier Jaillard a réussi l’exercice doublement périlleux de l’adaptation théâtrale d’un roman, écrit par Romain Gary sous le pseudonyme d'Emile Ajar, par ailleurs porté avec succès à l’écran par Moshé Mizrahi avec Simone Signoret dans le rôle de Madame Rosa qui lui avait valu le César de la meilleure actrice 1978.
Judicieusement, il a axé la dramaturgie sur le double passage symétrique que connaissent les deux personnages principaux : de la vieillesse à la mort pour Madame Rosa, de l'enfance à la vie d'adulte pour Momo, avec l'inversion des rôles, celui-ci prenant en charge les derniers jours de celle qui l'a élevé dans tous les sens du terme. Tous les thèmes chers à l'auteur, qui ont conservés toute leur actualité, de la tolérance au choix de sa mort, sont fidèlement traités et mis en valeur.
La mise en scène de Didier Long à la fois sensible et judicieuse, imprime au spectacle une scénographie originale et très moderne et une dynamique pertinente pour éviter les éventuels écueils du mélo larmoyant ou du théâtre naturaliste.
Madame Rosa c'est Myriam Boyer, qui retrouve Didier Long qui avait assuré la mise en scène de "Je viens d'un pays de neige" son dernier spectacle, qui avec "A woman of mystery", qu’elle a joué en 2006 au Vingtième Théâtre notamment, sont deux pièces qui attestent, si besoin encore était, de son goût sûr pour les textes exigeants et les personnages hors du commun par cette sublime humanité qu'ils portent en eux.
Entourée de Xavier Jaillard, parfait en brave docteur Katz, et d'Aymen Saidi, au talent prometteur, qui réussit une belle composition, elle est magistrale, immense, grandiose, magnifique. Le rappel de l’interprétation de Simone Signoret ira bon train. Comédienne d’exception, Myriam Boyer est bien de la même trempe.
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