Comédie dramatique de Dusan Kovacevic, mise en scène de Stephan Meldegg, avec Jean Pierre Kalfon, Jean-Marie Galey, Muranyi Kovacs et Jérôme Le Paulmier.
Dans l’après dictature titiste, la déco du monde occidental n’a pas encore envahi l’austère architecture communiste mais la valse des hommes a déjà eu lieu.
Theodore Kraj écrivain libertaire aux discours enflammés dans les brumes alcoolisées des soirées passées à refaire le monde croupit dans un obscur bureau avec pour récompense un poste médiocre au titre ronflant.
Et voici qu'entre un étrange personnage, "Le professionnel", sorte d’intrus fascinant qui l'appelle par son petit nom et s’immisce dans sa vie et surtout dans son passé. Difficile d'en dire plus sans dévoiler l'intrigue fondée sur la dilatation du temps.
On comprend bien, à la lumière des derniers spectacles qu’il a monté, dont "L’escale" et "Fermeture définitive", ce qui a séduit Stephan Meldegg dans le texte de cet auteur serbe très connu Dusan Kovacevic : une histoire d'humanité.
Toujours dans une mise en scène très épurée, toujours sur le fil du rasoir, entre réalisme et onirisme, cherchant l’écume du texte, il installe ce huis clos intense, tragique et lumineux, entre deux hommes ordinaires, et pourtant uniques, que tout séparait et qui étaient, et sont, pourtant si proches, faits de la même pâte.
Pour cette comédie dramatique drolatique, au ton si particulier entre désenchantement et humour flamboyant, propre à la Mitteleuropa, qui joue du pathétique de la condition humaine, il fallait un duo de choc.
Jean-Marie Galey, tour à tour plein de morgue, interloqué, inquiet, furieux, émerveillé, donne une belle couleur à ce grand enfant en perte de repères et Jean-Pierre Kalfon, sombre silhouette tourmentée, impressionnant, excelle dans le rôle du bras executif des basses oeuvres.
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