Après conte de Robert Walser, mise en scène de Diane Scott, avec Marie-Pierre Neskovic et Claude Bernhardt.
Pour Robert Walser, écrivain atypique et homme insolite, "Blanche-Neige", le célèbre conte des frères Grimm "C'est un mensonge noir et fou, dur à entendre, bon à faire peur aux enfants. Va-t'en mensonge !" pour lequel il va substituer au dénouement idyllique un jeu de rôle circulaire sans issue.
Exit l’effet escompté du coma quant à la maturation psychique de Blanche-Neige qui la fait accéder au bonheur parfait. La renaissance n’a pas lieu et il n’y a pas que le quartier de pomme qui est restée coincé dans sa gorge. Seuls les mots ressassés pourront, peut-être, atténuer les ambivalences fondamentales et dénouer les schémas psychiques perturbés tout en explorant de nouvelles grilles de lecture.
Le théâtre d'écriture, très novateur, poétique et elliptique, contemporain des travaux freudiens, la pièce a été écrite en 1902, est particulièrement captivant mais ardu aussi car rien n'est donné.
Diane Scott, pour qui "le théâtre n’est pas affaire d’émotions mais de faits, dans son récit et plus encore dans son geste.", a construit, dans une mise en scène en échiquier, un spectacle minimaliste et exigeant basé sur la staticité des corps, la distanciation des affects et le silence de la pensée, qui, par la présence essentielle, troublante et, finalement, incarnée, de Marie-Pierre Neskovic et Claude Bernhardt, et leur cri silencieux, ce cri d'amour meurtrier, pour faire entendre la voix de l'écriture et l'indicible.
Il s'inscrit également dans le mouvement dramaturgique exploratoire qui interroge le théâtre et en repousse les limites qui bénéficie dans la cave de pierre de la petite salle de la Maison de la Poésie un écho troublant.
|