Les deux musées "frères" que sont le Musée du Moyen Age, sis dans l’hôtel de Cluny à Paris, et le Musée de la Renaissance, installé dans le château d’Ecouen, se sont associés dans une politique de programmation commune pour proposer, cet automne, deux expositions qui, grâce aux recherches historiographiques récentes, permettent de réviser tant l’histoire de France que l’histoire de l’Art.
Et cela à travers le mécénat de la très riche, influente et cultivée famille d’Amboise, et plus particulièrement, en l’espèce des deux frères Georges d’Amboise, archevêque de Rouen, prélat du Pape et Premier ministre de Louis II, qui a érigé le château épiscopal de Gaillon et de Jacques d’Amboise, évêque de Clermont, abbé de Cluny, qui procéda à la reconstruction et à l’embellissement de l’hôtel parisien des abbés de Cluny.
En effet, dans la France du 16ème siècle qui connaît l’ascension des grandes maisons, celle d’Amboise détient les plus hautes charges de l’Etat et s’impose aussi, par son implication mécènique, dans l’évolution des arts et des lettres à une période déterminante à la charnière, celle qui assure la transition historique entre le Moyen Age et la Renaissance.
Sous le titre de "L’Art des frères d’Amboise", le Musée du Moyen Age propose, en parallèle à ses expositions permanentes, une exposition temporaire consacrée à la chapelle de l’hôtel de Cluny, le plus ancien hôtel parisien construit entre cour et jardin, dont le passant peut voir de l’extérieur, dans le jardin, la partie émergée qu’est la tourelle semi-circulaire sur pilotis.
Cette chapelle a, depuis sa construction, connu des modifications et des affectations diverses avant la restauration initiée par Albert Lenoir au 19ème siècle qui l’a restituée dans un état relativement proche de l’origine.
Elle s'avère représentative de la symbiose entre l’art sacré et l’art profane, avec notamment l’emploi de l’héraldique par la présence des armoiries familiales rappelant la puissance dynastique, ainsi que de l’attachement au Moyen Age, avec l’architecture flamboyante et le décor naturaliste sculpté qui correspond au goût de l’époque, tout en procédant au renouvellement de l’iconographie religieuse.
Dans la chapelle à l’architecture gothique dont la voûte flamboyante est une magnifique dentelle de pierres soutenue par des ogives vigoureusement et élégamment élancées vers le ciel, peu d’éléments décoratifs d’origine subsistent.
Deux très belles et expressives peintures murales attribuées à Guido Mazzini sur les piliers latéraux de l’absidiole où l’autel recevait une Piéta sculptée, dont seule la tête de la Vierge a été retrouvée, et des donnent un aperçu de ce qu’a été le décor ambitieux et prestigieux réalisé par des artistes émérites.
Des sculptures d’ange et des vitraux, dont un seul dans son intégralité, témoignent de la maîtrise du peintre-verrier.
Sont également présentés de nombreux documents iconographiques permettant de retracer l’histoire de la chapelle.
Profitez-en pour découvrir deux acquisitions récentes du musée, deux pièces médiévales exceptionnelles, remises en dation, que sont une crosse limousine et une Vierge à l’enfant en ivoire datant du 12ème siècle. |