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Interview  (Paris)  22 octobre 2007

La Compagnie de la Mandarine blanche fondée par Alain Batis fait partie de celle qui participent au Festival Un automne à Tisser initié par Antonio Diaz-Florian au Théâtre de l'Epée de bois à la Cartoucherie de Vincennes.

Elle y propose trois des spectacles qu'elle a monté, "Neige" adaptée d'un roman du Français Maxence Fermine, "L'assassin sans scrupules" du Suédois Henning Mankell et "Les quatre morts de Marie" de la Québécoise Carole Fréchette qui constituent des réussites absolues en ce que, notamment, ils parviennent à cerner et "représenter" l'univers poétique d'auteurs très différents tout en s'inscrivant dans celui du metteur en scène.

L'occasion pour le public de découvrir le travail tout à fait remarquable d'Alain Batis, comédien et metteur en scène, qui s'est entouré de collaborateurs fidèles pour œuvrer dans un double créneau exigeant, celui des textes poétiques et du théâtre populaire.

Après une belle rencontre théâtrale, la rencontre incontournable avec Alain Batis.

Les trois spectacles que vous proposez dans le cadre de ce premier Festival Un automne à tisser au Théâtre de l’Epée de Bois sont montés par votre compagnie la compagnie de la Mandarine blanche. Quelle est la genèse de cette compagnie ?

Alain Batis : J'ai créé la compagnie de la mandarine blanche après un long parcours avec une autre compagnie, qui s'appelait le Théâtre du Frêne, dont j'ai été un des fondateurs en 1988. J'ai donc eu un long compagnonnage avec Guy Freixe. Et les deux premiers projets de cette nouvelle compagnie "Neige" et "L’eau de la vie" d'Olivier Py sont nés au sein de cette première structure à un moment charnière où j'ai souhaité suivre de nouvelles orientations, des orientations plus personnelles.

J'avais un désir de mise en scène depuis quelque temps déjà et de là est née cette compagnie qui, comme le Théâtre du Frêne, est axée sur le répertoire contemporain et repose sur le désir de faire un théâtre populaire, un théâtre qui s'adresse au plus grand nombre, et également aux personnes qui n'ont pas forcément une grande habitude d'aller au théâtre, du public défavorisé. En tout cas un théâtre proche de la poésie et qui parle aux gens. Une autre constante est le choix de monter des auteurs contemporains pour la plupart vivants.

Je suppose qu'il s'agit d'une compagnie au sens actuel du terme c'est-à-dire davantage une association protéiforme de personnes autour de projet qu'une troupe au sens traditionnel du terme ?

Alain Batis : C'est l'éternelle question. J'ai opté pour la compagnie dans le sens où il y a 3 personnes permanentes qui assurent la diffusion les relations publiques et l'administration. Pour l'équipe de comédiens, il y a des liens privilégiés qui se sont noués avec certaines personnes autour de certaines créations qui vont jouer de manière récurrente dans mes spectacles, comme Marc-Henri Lamande, et puis elle fédère de nouveaux comédiens.

En ce qui concerne les lumières cela fait plusieurs années que je travaille avec Sandrine Latour et Sandrine Lamblin et Jean Louis Martineau pour la scénographie. Depuis quelques temps, pour les costumes, je travaille avec Jean-Bernard Scotto qui est le responsable des costumes à l'Opéra de Paris. Et puis bien sûr Cyriaque Bellot pour la musique. Ce qui constitue un noyau de personnes qui comprennent ma recherche.

Ce qui explique pourquoi, alors que vous choisissez des auteurs très différents qui portent en eux des univers différents, on trouve une certaine continuité dans tous vos spectacles. Ce qui appelle la question suivante justement sur le choix de ces trois spectacles.

Alain Batis : Il y a la question de l'enfance, de l'adolescence et également de la difficulté de la communication. Cela ne résulte pas toujours d'un choix délibéré. Je suis très intéressé par la force poétique des textes car je suis venu au théâtre par la poésie. L'invisible, l'insondable me questionnent beaucoup. Et la quête de soi, le partage, le don de l'amour, la reconnaissance de l'autre, le besoin d'aimer et d'être aimé relèvent d'une thématique que l'on retrouve dans beaucoup de pièces.

"Neige" est une quête initiatique où le personnage grandit au travers de l'écriture et de son art qui va aussi dans de dépasser le père. "L'assassin sans scrupules" est un personnage qui toute sa vie porte les séquelles d'un événement de son enfance qu'il n'a pas réussi à verbaliser dans une famille où la communication est difficile et le parcours de Marie, est celui d'une étoile filante, lumineuse pleine d'amour qui lui donne la force de traverser sa vie te donner de l'amour même si autour d'elle tout s'écroule.

Vous recherchez cette thématique dans les auteurs que vous lisez ou les textes viennent-ils à vous spontanément un peu par hasard ?

Alain Batis : J'ai découvert "Neige" dans une petite librairie qui m'a attiré le regard par la couleur blanche de sa page couverture. Ce fut un coup de coeur pour l'écriture de Maxence Fermine et j'aurai aimé avoir été l'auteur de ce texte. "L'assassin sans scrupules" de Henning Mankell m'a été conseillé par les Editions de l'Arche. "Les quatre morts de Marie" de Carole Fréchette est un texte qui me suit depuis très longtemps.

Le point commun des textes que j'aime est la poésie d'autant qu'elle peut être reçue sans qu'il y ait une réelle complexité c'est-à-dire que, même si existent plusieurs niveaux de lecture, elle est accessible facilement pour être partagée.

Comme l'œuvre d'Andrée Chédid dont on dit "C'est comme du bon pain" est une œuvre qui semble remonter très loin et nous parvenir chargée d' toutes les strates d'une histoire des millénaires et parait très simple. Et quand on mord dedans, on constate combien c'est bon et combien de choses elle recèle. J'aime aussi les textes dans lesquels la destruction n'est pas au cœur de l'écriture. Je n'arrive pas à traiter de ce sujet qui parsème les textes contemporains. J'ai besoin… d'espoir.

Ces trois spectacles, qui constituent un peu le fonds de roulement de la compagnie, vont-ils tourner après le festival au Théâtre de l'Epée de Bois ?

Alain Batis : C'est un choix de compagnie de créer de spectacles pour les jouer non pas quelques représentations ou une saison mais, un peu comme une paternité, de les jouer sur la durée, en les voyant évoluer. Pour ma part, c'est cette dernière voie que j'ai choisie et cela me paraît bon de voir mûrir le spectacle, de voir l'histoire s'inscrire dans chacun des intervenants. Car tous mes spectacles sont nés à partir d'un long travail mené en commun avec les comédiens.

"Neige" a été créé en 2001et nous le jouons encore. "Les quatre morts de Marie" date de fin 2004 et "L'assassin sans scrupules" est une création 2006. Même si on est à l'ère du jetable - comme dirait Mankell : "Le monde s'est transformé à partir du moment où on a arrêté de repriser les chaussettes" - mais, pour ma part, il est important de se dire que les histoires qui sont belles peuvent durer. Certes il faut avoir la chance d'avoir des acteurs qui sont disponibles sur la durée mais quand on fait un travail de partage avec les comédien, cela est possible.

Quel sont les retours sur ce festival pour ce qui vous concerne ?

Alain Batis : Les journalistes se sont déplacés et nous avons eu notamment des articles dans Le monde, l'Humanité et le Figaroscope. Ce qui est important parce que cela peut draîner le plublic. Des programmateurs de salle sont également venus et les retours sont donc plutôt bons même si la concrétisation n'intervient qu'à la signature du contrat. Les retours du public sont bons, ce qui fait plaisir bien sûr. Ensuite vient le moment du bilan pour comptabiliser le nombre de représentations vendues car notre vie est suspendue à cela.

Et c'est important compte tenu de l'engagement que cela implique car il faut environ deux ans pour monter un spectacle. Pour ma part, j'assiste à presque toutes les représentations car il me semble important d'être près des auteurs qui sont toujours devant nous et nous devons toujours les rejoindre et les comprendre, ce qui implique de continuer à travailler donne un sens à cet engagement.

Quel sera votre prochain projet ?

Alain Batis : Ce sera "Yacobi et Leidental" une pièce de Hanokh Levin un grand auteur israélien mort en 1999 qui a laissé de très nombreuses pièces, des sketchs et des chansons. Je suis sur cet auteur depuis plusieurs années puisque j'ai travaillé pour les Rencontres internationales de théâtre en Corse sous la direction de Robin Renucci et j'ai monté il y a deux ans "Kroum, l'ectoplasme", une comédie, et cette année une autre pièce qui n'avait jamais été monté en "Sur les valises".

C'est un grand auteur dramatique dont les personnages sont de grands enfants qui manie un humour féroce mais ses textes sont également porteurs d'une très grande humanité. La création de "Yacobi et Leidental" aura lieu en mars à Villiers sur Marne, puis à Boulogne sur Mer et à la rentrée à Aulnay sous Bois. Et nous travaillons déjà sur une sortie parisienne.

Est-ce facile d'avoir une sortie à Paris ?

Alain Batis : C'est très difficile et il n'est pas rare de passer une saison à faire des démarches, parfois vaines, pour tenter trouver une salle sur Paris et ce festival Automne à tisser, sous le parrainage de Jean-Claude Penchenat et accueillis par Antonio Diaz-Florian au Théâtre de l'Epée de Bois, constitue une grande chance. De plus, en permettant de présenter 3 spectacles ce qui donne un grand éventail de la palette du travail d'une compagnie. Même si la Cartoucherie est un peu décentrée elle reste aussi un lieu emblématique, un des plus beaux lieux de Paris. Mais c'est exceptionnel et je serai heureux de pouvoir continuer à y jouer pour la suite.

Est-ce plus difficile aujourd'hui ?

AlainBatis : La difficulté a toujours existé mais le nombre de compagnies a augmenté. Le nombre de salles a augmenté également mais pas en proportion les vrais lieux de représentation avec un vrai plateau et les moyens techniques qui en font de vrais espaces de création, et non des garages, où on peut artistiquement et esthétiquement mener un travail de qualité. Une des grosses difficultés en France c'est la diffusion. Jouer à Paris n'implique pas que l'on va tourner avec le spectacle. La moyenne de vie d'un spectacle à Paris est ridicule. C'est un engagement terrible. Il faut beaucoup d'argent pour jouer à Paris.

Tous vos projets concernent-ils la mise en scène ?

Alain Batis : Pour le moment j'ai toujours très envie d'explorer la mise en scène notamment avec les textes de Levin. Et puis il y a d'autres auteurs que je lis et qui vont sans doute susciter des projets. J'ai également des projets musicaux car j'aime la transversalité des disciplines et je viens de lire l'opéra qu'à écrit Cyriaque Bellot. Tout demande du temps et la vie de la compagnie m'occupe beaucoup.

Nous assurons aussi 4 ateliers par semaine à Aulnay sous Bois et des travaux dans le cadre de projets pédagogiques en milieu scolaire. Pour la prochaine "Yacobi et Leidental" il y aura aussi des lectures qui vont être mises en place. De toute façon, pour chaque création, je travaille sur le public car il doit être pris en considération ; il faut lui faire découvrir un auteur et pas seulement en le faisant assister à une représentation. Il y a donc tout un travail de sensibilisation du public qui doit se faire autour d'une création et cela m'intéresse. Cela se fait également avec un accompagnement des municipalités.

Il est important aujourd'hui pour un artiste, en terme de sens, d'être ancré quelque part. Pour ma part, travailler avec une ville sur une population et sur un terrain culturel est primordial. Cela permet aussi à une compagnie qui n'est pas encore subventionnée par le ministère de la culture de pouvoir vivre et travailler sur un territoire.

Etes-vous toujours enseignant ?

Alain Batis : Non. Du moins plus dans le cadre d'un conservatoire comme je l'ai fait pendant une dizaine d'années. Mais j'animes de stages comme celui inscrit dans le cadre de "Un automne à tisser" qui s'intitule "Paroles intimes" sur l'écriture et la mise en jeu de paroles intimes qui est un stage ouvert aussi bien aux comédiens, amateurs et professionnels, qu'à d'autres professions et toutes personnes qui est intéressée.

En fait, je perpétue le travail de ceux que j'ai rencontrés à mes débuts dans ce métier et qui travaillaient dans le milieu de l'éducation populaire. Pour que des gens d'origine et de milieux différents se rencontrent au sein d'une aventure théâtrale commune dans une démarche de partage. Car je crois que nous avons tous à apprendre les uns des autres. C'est ainsi que j'ai démarré le théâtre et je continue. C'est un engagement politique.

 

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