Comédie dramatique de Franck Thomas, mise en scène de Johanna Guetta, avec Michel Bailet, Angélique Brès, Frédéric de Conink, Nathaël Gozlan, Bastien Lacoste et Mélanie Vindimian.
Soirée du Jour de l'an. Le maître de maison, avant d'accueillir les convives, annonce son départ au terme du repas. Définitivement.
Bientôt, ils sont tous là.: le fils accompagné de sa petite amie et la fille rebelle. Les rejoint, un mystérieux vagabond invité charitablement par le fils. Le réveillon va être le lieu d'un vaste chaos et d'un étrange passage de relais.
"Si nous n'avions pas mangé le chien", inspiré d'une légende bretonne : l'Ankou (figure représentant le serviteur de la mort), c'est d'abord un texte. Un texte loin des clichés, brillant , qui mélange cynisme, humour et poésie. Des personnages dont les monologues se répondent. Une histoire qui ne va pas où on l'attend. C'est la première pièce de Franck Thomas.
C'est ensuite une mise en scène au scalpel de Johanna Guetta, qui cherche à faire ressortir l'essence de chaque personnage en créant une ambiance fantastique et captivante. Aucun d'eux n'est épargné. Ils foncent tous vers le mur, non sans se débattre, non sans laisser éclater leur haine, leurs frustrations ou leurs angoisses. Un temps contenu, tout explose soudain comme une salve de mitraillette.
Le texte déverse alors en torrent les contradictions familiales et suit les protagonistes dans leur déchéance, leur métamorphose ou leur rédemption. Et "un fantôme" violoniste vient donner le ton de la scène , en accentuer la tension.
Des acteurs, on oubliera le pire (une diction parfois trop approximative chez certains) pour ne retenir que le meilleur : une équipe investie et engagée sur le plateau. Mention spéciale pour Mélanie Vindimian, convaincante de bout en bout dans un rôle complexe. Et pour Nathaël Gozlan qui compose avec brio un fils émotif et emprunté.
A la manière des auteurs scandinaves tels Ibsen ou Strindberg, Franck Thomas livre une histoire de transmission, un drame familial opaque et mystérieux percé ça et là d'éclairs d'humour - ou d'amour - pour sauver les personnages du néant et les délivrer de la fatalité.
Fort et noir. |