Du 19 septembre 2007 au 7 janvier 2008, le Musée National Picasso constituera avec l’exposition "Picasso cubiste" le point de ralliement des admirateurs de Picasso et du cubisme dont il fut l’un des co-créateurs.
Cette exposition a été conçue dans le cadre des célébrations internationales du centenaire du mythique tableau fondateur du cubisme, "Les Demoiselles d’Avignon", par Anne Baldassari, directrice du Musée National Picasso, qui l’a fondée sur la présentation des collections dudit musée et des principaux chefs d’œuvre des années 1906 à 1924 afin de témoigner des processus de recherche initiés par Picasso et "donner à voir le grand cycle du cubisme picassien.
Pour les néophytes ou les amateurs éclairés, autant que pour les spécialistes pragmatiques, cette exposition originale et érudite, présentée dans une scénographie fluide et sobre, qui a su mettre en valeur le nombre très important d’œuvres présentées en évitant l’écueil du tassement, avec des cartels explicatifs synthétiques, s’avère passionnante
En effet, à travers un parcours en 13 étapes chronologiques couvrant la période 1906 à 1925, le visiteur est invité à découvrir, à travers un large panorama riche de chefs-d’œuvre mais également d’études préparatoires et d’œuvres fragiles qui ont été très rarement, voir jamais, exposées, la genèse et l’élaboration du cubisme picassien.
1906- 1910 : La révolution plastique en marche
Picasso, père de l’abstraction et du dadaïsme, est aussi un fils. Un fils aux pères multiples, du Greco, d’Ingres, de Cézanne, des pères qu’il faut tuer à la fois pour assurer la transmission de leur héritage et pour s'accomplir.
Quatre années au cours desquelles les recherches de Picasso, du primitivisme par la nudité avec ses autoportraits, à l’apport de la géométrie dans les études pour "Les demoiselles d’Avignon", dynamitent les fondamentaux picturaux que sont la figure, la forme et la perspective.
Guillaume Apollinaire décrivait ainsi les trois vertis plastiques du cubisme : "la pureté, l’unité et la
vérité maintiennent sous leurs pieds la nature terrassée".
L'exposition illustre le processus de synthétisation du cubisme picassien, notamment à travers ses oeuvres graphiques, ses carnets mais aussi son expérience photographique, qui aboutit à la construction cinétique de la figure dont la couleur scande la dynamique de la composition.
1910-1924 : De la peinture de vision à la peinture de conception
Au cours des années qui suivront, avec l'abondance créatrice qui le caractérise, Picasso creuse le sillon de l'effacement des références visuelles qui n'ira cependant pas jusqu'à leur disparition.
Par le recours à de nouveaux modes figuratifs, des collages aux éléments typographiques, Picasso procède à une recomposition implicite du sujet qui évolue de l'image au signe ("Violon et partition").
Là réside un des grands intérêts de cette exposition en ce qu'elle présente de nombreux collages, des assemblages en carton, les "constructions" qui marquent l'aboutissement de l'exploration des techniques tri dimensionnelles, et les oeuvres composites, les "peintures-objets".
Du cubisme hermétique ("Le guitariste Cadaques") au cubisme rococo ("L'homme assis au verre") jusqu'au post cubisme années 20, Picasso sème les jalons de ce que sera l'abstraction et l'art conceptuel.
Une visite à compléter avec l’impressionnant, et indispensable catalogue co-édité par la Réunion des Musées Nationaux et les Editions Flammarion, composé traditionnellement des reproductions des oeuvres exposées mais également, et ce pour moitié, d’articles, études et essais qui attestent du défrichage iconographique de cette période de l’œuvre de Picasso. |