Le Musée Jacquemart-André propose avec "Fragonard, les plaisirs d'un siècle" de redécouvrir l'oeuvre d'un peintre emblématique des "heureux hasards de l'escarpolette".
Fragonard fût l'enfant de son siècle, le 18ème, siècle du libertinage mais aussi le siècle des Lumières, siècle des libertés et des plaisirs avant que ne survienne le crépuscule de la Révolution et du néo-classicisme.
A travers un parcours thématique, les commissaires de l'exposition, Marie-Anne Dupuy-Vachey, historienne d'art et spécialiste de Fragonard, et Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du Musée Jacquemart-André, proposent une nouvelle approche de l'oeuvre d'un peintre érudit dont la notoriété a longtemps été cantonnée, à la suite du jugement réducteur des frères Goncourt qui le cataloguèrent de "Chérubin de la peinture érotique", à celle d'un peintre des salons galants.
Et bien lui en a prit à ce Prix de Rome, élève de Chardin et Boucher, de préférer vivre de commandes au destin de peintre officiel d’Histoire.
La scénographie précieuse d'Hubert Le Gall, qui joue sur la gamme chromatique du peintre, habille les plafonds de cieux mousseux et éclaire les beautés d'un lustre de cristal fournissant un joli écrin aussi bien aux toiles rococo qu'aux dessins virtuoses.
La célébration des plaisirs du corps et de l’esprit de son temps
Entre esquisse et achèvement, ce peintre de la couleur et de la lumière célèbre avec espièglerie et romantisme tous les plaisirs de la vie, ceux de la beauté et de la chair comme les joies familiales, dans une vision rousseauiste.
Fragonard est un conteur d'histoire en une image. Chacune de ses toiles, portraits ou scènes de genre, raconte une histoire tout en saisissant la grâce de l'instant.
Le visage mutin, la chemise légère qui dévoile une chair tendre et un sein juvénile, le jupon allègrement troussé, ses jeunes filles aux poses équivoques ou les scènes galantes dans des végétations édeniques sont toujours promesses d'ivresses hédonistes.
Dans les portraits des hommes de génie, réels ou imaginaires, qui clôturent l'exposition, il donne la pleine mesure de sa palette audacieuse et de sa maitrise de la lumière.
Portraits qui selon selon Marie-Anne Dupuy-Vauchey, dessine "un auto-portrait de Fragonard, homme de son temps".
La passion chevaleresque
Si Fragonard est un homme de son temps, fervent illustrateur des Contes licencieux de La Fontaine, il manifeste également un goût pour les épopées chevaleresques.
Ainsi se délecte-il dans l'illustration des romans de chevaleries dans laquelle les épisodes picaresques lui permet de donner libre court à son art du mouvement et à la maitrise de son trait.
Une sélection exceptionnelle de dessins illustrant les grands romans attestent de la virtuosité de son trait qui transcende aussi bien le lyrisme du Roland furieux d’Arioste que la frénésie du légendaire Don Quichotte de Cervantès.
Une exposition pour le plaisir des sens. |