Arrivée en catastrophe ce dimanche en fin d’après-midi pour la clôture d’un week-end éreintant de la meilleure manière qui soit : en musique et en concert. Avec pas moins de huit groupes au programme, de quoi nous amener au beau milieu de la nuit ; le début de semaine risquant de s’avérer difficile.
Sur la scène de la Cigale, une jeune femme vêtue de rouge et entourée d’une kyrielle de musiciens (cuivres et claviers ajoutés à une base rock classique) achève sa prestation.
Elle s’appelle Marit Bergman et, comme son patronyme l’indique, vient de Suède.
Nous arrivons donc juste à temps pour le grand final, la voyant pousser sa voix de diva dans ses derniers retranchements ; chacun des membres apportant sa touche personnelle à la cacophonie ambiante.
Pour un résultat peinant à dépasser le stade de music-hall de province. Voilà le revers de la médaille du succès des tribus rock (Arcade Fire, Broken Social Scene ou Architecture In Helsinki …), à savoir un indigeste mélange de styles.
Enfin pas de quoi entamer notre enthousiasme débordant, ni nous faire perdre patience. Car nous sommes venus voir Elvis Perkins !
Sans plus attendre, voici qu’il se présente, seul avec sa barbe et sa guitare ; ses compères de Dearland le rejoignant dès le titre suivant.
Au-delà de nos plus folles espérances, les compositions d’Elvis prennent sur scène une tournure incroyable, poignante voire tout simplement magistrale ; l’interprétation soignée du backing band y étant pour beaucoup.
Mention spéciale à "All The Night Without Love", "May Day !" et à la majorité des inédits creusant la veine la plus enthousiaste de "Ash Wednesday".
Comme si après ce disque thérapie, il avait enfin réussi à dépasser ses tragédies personnelles.
Gaétan Roussel de Louise Attaque viendra même prêter main forte sur les deux derniers morceaux : l’époustouflant "While You Were Sleeping" précédant la fraîchement composée "Doomsday".
Le public ne s’y trompe pas et convie d’ailleurs le new-yorkais à un rappel impromptu.
On plaint les pauvres Los Campesinos à qui incombe la charge d’enchaîner …
L’espace de trois morceaux, la sauce semble pouvoir prendre. Melting-pot de styles - guitares noisy, chœurs à la Belle & Seb, electro-pop à la Stereolab … - sans réelle cohérence ; chacun des membres se contentant d’apporter son background personnel sans se préoccuper du résultat collectif.
Sans parler des douteuses similitudes entre les titres. A peine si une jolie reprise de Pavement réussira à nous extraire de notre torpeur. De retour au bar, nous trinquons à la santé de Laura Marling, venue interpréter quelques titres durant l’entracte.
Après les avoir copieusement snobé à Rock En Seine en août dernier, nous voilà enfin face aux Noisettes.
Pour ce qui restera comme LA performance de la soirée, du festival peut-être.
Pas de fioritures pour le backing back réduit à sa plus simple expression - guitare-batterie - : cette formation semble toute entière dédiée à sa chanteuse.
Et l’on ne tarde pas à comprendre pourquoi ...
Là où les Bellrays avaient suscité l’indifférence du public parisien en 2004, les Noisettes terrassent leur auditoire, bluffant même les spectateurs les plus récalcitrants.
Telle une féline, toutes griffes dehors, Shingai Shoniwa marque physiquement son territoire tout en déversant sur la Cigale un torrent de soul rock poisseux, sexuel, primitif. Irrésistible.
On n’attendait pas grand-chose des Editors.
Ils nous l’ont bien rendu. Tel un bulldozer, le quatuor a traversé la Cigale, emportant tout sur son passage, écrasant méthodiquement toute aspérité.
Depuis Rock en Seine l’an passé, les cheveux de Tom Smith ont poussé, lui donnant cet air délicieusement Simply Red.
Par contre, il n’a rien perdu de ses habitudes de faire l’amour à ses instruments ...
Venu recevoir sa becquée, le public en aura pour son argent : pléthore de nouveaux titres et les tubes du premier album ("Bullets" et "Munich") en bonus. Pas désagréable en soi mais ultra professionnel, glacial et hyper prévisible. |