Comédie dramatique de Fabrice Melquiot, mise en scène de Lise Quet , avec Marie Hebert, Julien Large, Arnaud le Hesrand, Marc Pas, Cindy Rodrigues, Lionel Rondeau et Laurent Sroussi.
En 2000, Fabrice Melquiot se rend en ex-Yougoslavie et respire le parfum de haine et de mort dont les murs sont encore imprégnés. Ses rencontres lui inspireront les personnages de "Le Diable en partage", constat amer des dégâts que peuvent engendrer patriotisme, fanatisme religieux et intolérance. Et de toute la bêtise des hommes...
Dans une geôle quelque part en Serbie, Lorko déserteur séparé de celle qu'il aime et de sa famille les fait apparaître dans ses hallucinations et communique avec eux pour ne pas s'éteindre.
Restés au village, ceux-ci affrontent la violence de la guerre qui provoque confusion et folie chez les plus jeunes, les parents essayant de préserver le quotidien. Au bout de l'enfer, l'amour sera le seul moyen de renaître à la vie.
Pour porter ce texte explosif, alternant moments âpres et scènes oniriques, il fallait une troupe à la hauteur. Les membres de la Compagnie L'air de rien réussissent une prestation enthousiasmante et qui prend aux tripes, fidèles au texte (peut-être son plus beau) de l'auteur et poète.
Et sous la direction de Lise Quet, donnent à ce texte la déflagration qu'il nécessite. Ici, tout est magnifiquement rendu avec une quasi perfection et surtout ce petit "supplément d'âme" qui fait les grands spectacles. Tout est juste du début à la fin, les scènes de groupe sont particulièrement réussies et laissent transparaître l'investissement de ce groupe éblouissant de pugnacité.
Lionel Rondeau dans le rôle de Lorko se défend remarquablement bien dans ce rôle-piège pour un acteur et montre beaucoup d'humanité et de charisme. Arnaud Le Hesran (Alexandre) est phénoménal dans un personnage qui mêle douleur, folie et truculence. Ce qu'il fait est du grand art. Julien Large est également impressionnant dans le rôle du jeune frère qui va peu à peu basculer dans la violence fanatique. Sa composition est brillante et en perpétuelle évolution.
Dans des rôles moins présents mais tout aussi importants : Marie Hébert (la mère et la femme au mouchoir) assure deux compositions différentes réussies et Laurent Sroussi est un père très crédible et touchant. Quant à Marc Plas, il amène en quelques scènes un peu de respiration comique dont la pièce a besoin. Cindy Rodrigues enfin, incarne magnifiquement une Elma vibrante, sensuelle, meurtrie et debout malgré tout ; seul rayon de soleil de ce drame nébuleux.
Une pièce essentielle qui marque longtemps et un magistral travail de troupe. |