Monologue de Will Eno, mise en scène de Gilbert Desveaux, interprété par Robert Plagnol.
Les toutes premières minutes préfigurent ce qui suivra et de l’état dans lequel erre Thomas Chagrin : sur une scène plongée dans l’obscurité, un homme tente, sans succès, d’allumer une cigarette avec un briquet récalcitrant.
Quelques éclairs de lumière dans la nuit profonde que traverse celui qui dit de lui "J’ai une vie intérieure d’une richesse incroyable." et qui essaie d'exorciser le passé.
L'homme, c'est "Thomas Chagrin", un homme ordinaire, compulsif, hyperactif dans le lâcher prise, qui, entre appel au secours et provocation, embrasse la difficulté d'être au monde et de la recherche de soi et de l'autre.
L’écriture circulaire de Will Eno, jeune dramaturge américain, adaptée par Jean-Marie Besset, est terriblement belle et poignante. On pense à Antonin Artaud pour l’imprécation, à Samuel Beckett pour l'appréhension du tragique de la condition humaine non exempt d'une certaine forme d'humour et, plus contemporain, à celle de Fabrice Melquiot.
Sur scène, dans une mise en scène, au plus près du texte, de Gilbert Desveaux, la prestation de Robert Plagnol est saisissante. Et le public, médusé par la parole et apostrophé par Thomas Chagrin qui le prend au collet, reste saisi.
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