Comédie dramatique de David Gieselmann, mise en scène de Christophe Perton avec Juliette Delfau, Vincent Garanger, Anthony Poupard, Grégoire Monsaingeon et Hélène Viviès.
Jouant sur la biomécanique de pulsions, David Gieselmann explore dans "Monsieur Kolpert" la barbarie profonde de l’humain qui n’a peut être jamais autant affleuré que chez le pithécanthrope contemporain qui, oisif délivré des sujétions vitales, privé de repères et dépourvu de conscience morale, expérimente l'extrême pour tenter de se sentir vivant.
Un couple qui s'ennuie dans sa vie confortable et branchée provoque ses invités, le couple Mole, sur le mode "push the limits" qu'il a déjà amorcé en affirmant avoir tué le fameux Monsieur Kolpert. De l'invraisemblable à l'absurde, la situation bascule subitement dans le tragicomique puis dans le cauchemar.
Dans un décor "Dim Dam Dom" minimaliste et aseptisé, les deux couples vont être aspirés dans une vertigineuse et cauchemardesque descente paroxystique dans l'horreur qui n'est pas exempte d'un humour noir et jubilatoire.
Là où Hans Peter Cloos avait proposé, en 2005 au Vingtième Théâtre, une mise en scène décapante, Christophe Perton passe à la vitesse supérieure en utilisant le vitriol saupoudré de chaux vive histoire de creuser jusqu’à l’os la dérive possible de l'humanité.
Tout va très vite dans une excellente mise en scène grinçante, corrosive, cinétique, flirtant avec les comics gore, inspirée et novatrice même pour ceux qui connaissent le texte, et qui emporte tout sur son passage. Le spectateur, voyeur incrédule et hypnotisé, bien que pressentant le danger, ne cible pas le point de non-retour amené par des comédiens totalement époustouflants. Par leur talent et leur engagement total, tant physique que mental, Hélène Vivès, Grégoire Monsaingeon, Juliette Delfau, Vincent Garanger et Anthony Poupard sont les rouages terriblement humains de cette autopsie en direct de la déviance et de la violence.
Tout devient alors tragiquement drôle et furieusement cynique. Mais la fiction rejoint souvent la réalité.
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