C'est à Paris qu'Edward Steichen, né en 1879 et mort en 1973, photographe d'origine luxembourgeoise a réalisé sa première exposition.
Et c'est à Paris que se déroule la première rétrospective européenne qui lui est consacrée. "Steichen, une épopée photographique" organisée par la Foundation for the Exhibition of Photography de Minnéapolis et le musée de l’Élysée de Lausanne en collaboration avec le Jeu de Paume.
Dans une scénographie esthétisante aux cimaises colorées réalisée par USQUAM-3, l'exposition conçue de manière chronologique se déroule sur les deux niveaux du Jeu de Paume.
Deux niveaux pour les deux grandes périodes de Steichen : le pictorialisme et le modernisme.
Le plus grand photographe du 20 ème siècle
Militant de l'avant garde photographique, directeur de la photographie de Vogue et de Vanity Fair, directeur du département de photographie du MOMA de New York, instigateur en 1955 de la célébrissime exposition sur la solidarité entre les peuples, "The family of man", inscrite à l'Unesco, dans la section "mémoire", Edward Steichen est aussi l'auteur d'une des photos les plus chères du monde qui s'est vendue près de 3 millions de dollars en 2006.
Il a oeuvré dans tous les genres, expérimenté toutes les techniques, exploré tous les courants stylistiques et marqué de manière indélébile le 6ème art et ce quelles que soient les controverses à son sujet.
Avec un très grand nombre de photographies, cette exposition permet d'en prendre la juste mesure.
Du pictorialisme au photoreportage : un talent exceptionnel
A ses débuts, Steichen est fortement influencé par les mouvements picturaux de l’époque, l’impressionnisme mais également l’expressionnisme allemand.
Il pratique la photo-peinture dans laquelle la lumière est l'élément essentiel et dont l'esthétisme pictorialiste implique de travailler le négatif ou le tirage original pour lui imprimer le geste artistique.
Steichen est un homme de son temps et quand le picturialisme s'effacera devant la phographie pure, il aura déjà amorcé sa transition.
Il passe à la photographie commerciale dans laquelle il réussit en imposant la perfection formelle et esthétique de l'image sur papier glacé, de la mode à la publicité.
Même s’il change radicalement de style en devenant le pape du modernisme, la netteté de la ligne et la prédominance de la forme se substituant au flou pictural, les postulats fondateurs, les atmosphères crépusculaires et le traitement par la lumière, demeurent.
Ainsi, portraitiste des stars, il immortalise le gotha hollywoodien dans des clichés sublimes.
Sous l'objectif de Steichen, ces visages mille fois photographiés, comme celui de Greta Garbo, deviennent uniques et elle sont ce petit supplément d'âme comme si aucun oeil n'avait jamais pu auparavant saisir leur essence.
A la fin de sa vie, pendant 5 ans, il filmera et photographiera un arbre situé derrière sa maison.
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