Après un set électro de Gangpol composé
d'un dj maniéré aux envols de bras de concertiste inspiré
et d'un video Dj impassible voire immobile, hypnothisé par son écran,
c'est sur les chapeaux de roue que démarrent les presque 2 heures de
concert de HiM.
HiM est la créature parthénogénétique
de Doug Scharin, batteur de June of 44, Rex, Codeine qui a
su imposer son goût du sampling et de la recherche technique au sein de
toutes ces formations. Des solos au collectif, il n'y a fallu que quelques années,
le temps de convaincre des amis de la célèbre et innovante scène
musicale de Chicago.
Composé de musiciens émérites, HiM s'aventure vers les
confins du post-rock, pour une fusion du dub avec le funk, l'afro-beat, la pop
et les jazz sessions (la fusion musicale ayant bercé son enfance new
yorkaise cf. interview,) illustrés à la perfection par son dernier
album Many in high
places are not well . Difficile cependant de s'imaginer HiM en live qui
vient à notre rencontre ce soir là.
La formation de cette tournée européenne, qui s'achève
à Paris, comprend 7 musiciens qui se retrouvent ce soir sur la scène
exigue et enclavée de Mains d'oeuvres sur laquelle les musiciens, plutôt
de grands gabarits, ne peuvent bouger d'un iota. Le clavier a la tête
sous les enceintes (dans lesquelles il ne manquera pas de se cogner à
plusieurs reprises sans rien perdre de sa bonne humeur), presque en dehors de
la scène ; le trompettiste, au centre, est coincé entre des cables
et le retour. Il en va de même pour l'impressionnant bassiste, le chanteur/guitariste
et le guitariste, tout trois un peu en retrait.
Quant aux batteurs ils sont encastrés aux fins fonds, le second batteur
(rien de moins que Adam Pierce, leader de Mice Parade) faisant
au demeurant des allers-retours avec le bord de la scène pour jouer sur
un énorme xylophone et une guitare (et le tout avec un pouce cassé).
Et ce sont les batteries, deux batteurs pour deux partitions différentes
à bon entendeur salut, qui donnent le ton immédiatement, tout
en puissance retenue pour former la trame musicale sur laquelle les autres instruments
vont venir se greffer pour construire des strates sonores qui se tissent par
vagues successives et ininterrompues jusqu'à l'épuisement extrême
et quasi naturel du morceau.
Loin des formats pop, HiM nous délivre des morceaux qui explorent tous
les registres sur une durée qui excède souvent les dix minutes
et même si, hormis 2 nouveaux titres, ils jouent essentiellement des extraits
de Many in high places are not well et de New features, leur précédent
album, il leur donne une toute autre dimension, une seconde vie, comme l'explique
d'ailleurs Doug Scharin dans l'interview qu'il nous a accordé.
Musique vivante au sens premier du terme, indicible, intense, hypnotique, les
musiciens prennent un réel plaisir plaisir à jouer pour nous,
pour eux, pour la musique, pour explorer, défricher et reconstruire toutes
les musiques avec leurs connaissances, leur maîtrise, leur talent, leur
coeur et leur âme.
"Music is a process of uniting the world of qualities and the world
of existences, of blending the world of silence and the world of sound. In this
sense, music is a way of transformation. What we do is inseparable from how
and why we do what we do. So, the transformation of sound is inseparable from
a transformation of self. " Robert Fripp (Road to Graceland).
Un concert "énorme" et un sublime moment.
Il fallait vraiment être là ce soir-là. Dommage pour ceux
qui ont failli y être!
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