Le Musée des Arts Décoratifs est détenteur d’une collection prestigieuse d’arts de l’Islam, qui ne fait plus l’objet d’une exposition permanente et qui doit être reversée au Musée du Louvre.
Il propose cet automne une exposition temporaire "Purs chefs d’œuvre ? Chefs d’œuvre de l’Islam aux Arts Décoratifs" consacrée à la mise en perspective de l’influence des arts de l’Islam dans le domaine des arts appliqués.
Dans une scénographie de Renaud Pierard, les commissaires de l'exposition Rémi Labrusse, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Picardie, Sophie Makariou, conservateur en chef au département des Arts de l’Islam du musée du Louvre et Evelyne Possémé, conservatrice en chef au musée des Arts décoratifs, chargée du département Art nouveau-Art déco
et des collections islamiques, ont regroupés les oeuvres par origine géographique.
Elles sont exposées dans les salles latérales adjacentes à la nef centrale elle-même meublée d’un grand mausolée qui reçoit notamment des tapis ottomans monumentaux.
L’exposition met en avant le caractère tout à fait exceptionnel de cette collection qui, au 19ème siècle, a fait de Paris la capitale des arts de l’Islam, l’Union Centrale des Arts Décoratifs ayant organisé en 1893 la première exposition générale d’art musulman.
Cette exposition qui permet de visualiser la richesse et la diversité des arts islamiques de Grenade à Samarkande en passant par l’Afrique se décline en deux parties.
La première, consacrée aux pièces médiévales, nécessite une relative bonne connaissance des arts islamiques faute de se limiter à une approche purement esthétique des œuvres telles que les velours de soie, les céramiques ou les reliures persanes.
La seconde partie, consacrée à l’impact du goût orientaliste sur les théories et les pratiques du décor en Europe, est plus accessible au néophyte.
En effet, elle retrace l’influence de l’art islamique sur des artistes majeurs comme Théodore Deck, Emile Gallé et même des couturiers comme Poiret mais aussi sur les productions des manufactures, des tisserands et des orfèvres qui essaimera jusque dans les tissus et les papiers peints.
La géométrie des bois incrustés, les couleurs, la dimension naturaliste des motifs floraux, les volutes, rosettes, palmettes, arabesques, stimulent l’imagination européenne.
Les artistes et artisans procèdent alors par hybridation des formes, des matières et des usages dans une approche purement décorative complètement déconnectée de leur sens et de leurs fonctions premières.
Une exposition qui peut donc constituer une bonne introduction à l’art islamique avec le support très didactique mis en ligne sur le site du musée. |