Textes de Jean-Pierre Verheggen, mis en scène et interprétés par Jacques Bonnaffé.
Jacques Bonnaffé arrive sur scène par la salle, déjà en transe, possédé par la verve truculente et logorrhéique de la prose pétaradante de Jean-Pierre Verheggen dont il se délecte à l'avance.
Une transe jubilatoire et communicative qui caractérise ce florilège de textes réunis sous un titre, "L'oral et Hardi", à la mesure de leur auteur qui a commis des oeuvres comme "Le degré Zorro de l'écriture", "Les folies belgères" ou "Ainsi parla Ninietzsche peaud'chien".
Rappelons que Jean-Pierre Verheggen, poète contemporain belge qui se situe quelque part aux confins de Rabelais, Céline et Bobby Lapointe, s'inscrit dans ce qui fut dans les années 60 l'avant-garde de l'écriture textuelle comme acte révolutionnaire pour dire et provoquer le réel à partir de la langue, objet même de la poésie.
Sa langue drue, leste, iconoclaste et truculente, circonvolutionne, sous le signe de l’humour et de l’impertinence en calembours, jeux de mots et de maux, inventions verbales, élucubrations et vitupérations.
Complètement immergé dans la planète Verheggen, atteint de frénésie déambulatoire et d'hémorragies sémantiques, investissant tout l'espace et tous les recoins de la scène jusqu'aux coulisses, Jacques Bonnaffé jubile, se goinfre d’harangues et d’odes lyriques, porté par les mots qu’il porte à son tour pour les passer au public dans une chevauchée endiablée qui balaye les dérives de l’époque, mêlant truculence et burlesque.
Le spectateur est emporté dans cette tourmente verbale, dans ce déchaînement du mot, dans cette profération éblouie et éblouissante menés par Jacques Bonnaffé qui réussit là, de plus, une belle prestation d’acteur. |