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Zubizuva X, Akaten, Zoofy, Acid Mother Temple  (Saint Ouen)  25 octobre 2003

Il s’agit en effet sur le papier de rien de moins qu’un mini-festival, cinq groupes japonais répondant à l’appel. En vérité à y regarder de plus près il s’agit des différents avatars créatifs de seulement trois individus japonais : Kawabata bien sûr leader spirituel et musical d’Acid Mother Temple, Yoshida et Tsuyama (je vous passe les prénoms par lisibilité). Ces cinq projets se suivront sans aucune pause sur la scène militante de Mains d’œuvres ne laissant pas le temps de reprendre son souffle et de voir se dissoudre cet esprit extrême-oriental assez déglingué en tournée dans le vieux monde.

On commence par observer ce trio officier sous l’étiquette du collectif Zubizuva X pour une potacherie a capella d’human beat box basée sur la répétition de quelques mots en boucles et interprêtés comme une composition totale. On nous propose ainsi par exemple une visite éclair de l’Europe évoquée par des noms de villes, un exercice minimaliste forcené et un brin casse gueule, à vrai dire plus drôle qu’intéressant, en tous cas un hors d’oeuvre sympathique d’introduction au "Festival" . Les participants ne pourront en effet s’empêcher toutes les demi-heures de nous souhaiter la bienvenue à ce "Japanese new music festival" et en distillant toujours leur sens de l’exacerbation des émotions et l’autodérision sans ego, mettant en valeur la présence de la bonne humeur aussi bien dans le public que sur scène.

Ensuite Yoshida et Tsuyama se retrouvent pour un duo conceptuel nommé Akaten. Des compositions autour de samples minimalistes de fermetures éclairs, de brosse à dent, d’appareil photo ou de rape à radis. On se place donc clairement dans la performance arty sans complexe et là encore un brin régréssive. On voit une résonnance avec le "Silencio !" du dernier Lynch, et un remise en question amusante du rapport à la réalité par nos sens trompeurs. Pour illustration une chanson sur le vin très inspirée combinera un théatre de rue et la musique pour recréer un univers virtuel. Avant d’avoir le temps de se lasser, on finira par une improvisation libre autour d’interprétation de chants d’oiseaux ! Dans l’ensemble on prend peur que tout le festival ne suive cette orientation plus en performance que musicale, tout en sachant bien que les têtes d’affiche arrivent et constituent le noyau dur de la soirée.

Cette séquence la plus intéressante arrive ainsi avec Ruins. On s’étonne assez vite, quand on sait que le groupe est un duo basse batterie, de ne voir que Yoshida prendre place sur la scène : pour ce concert (et pour des raisons indéterminées), celui-ci nous délivre un solo de batterie par dessus les phrasés enregistrées du bassiste absent physiquement. On oublie d’une oreille cet étonnement pour se faire chahuter par les compositions forcenées du duo réduit en solo, qui lorgnent autant du côté du noise-core que d’un progressif expérimental, tout à tour frénétique et hors de contrôle ou alors discipliné dans un carcan implacable et terrassant.

Une démonstration détonnante qui ne masque pas la frustration de voir le groupe dans une formation réduite et donc limitée dans son interprétation malgré l’énergie avec laquelle Yoshida se démène aussi bien au chant qu’à la batterie pour nous interpeler. L’improvisation étant en effet réduit à sa portion congrue à cause des bandes enregistrées autour desquelles Yoshida ne peut s’évader. Il y a même à vraie dire une forme de tromperie à annoncer un concert de Ruins dans ces conditions, mais à l’heure où cet article est écrit, les raisons de cet état de fait ne sont pas éclaircis (le bassiste faisant logiquement partie de la tournée). La violence de Yoshida aura malgré largement nuancé cette déception, tant qu’à faire on aurait préféré une présentation du matériel solo de Yoshida.

Le projet suivant Zoofy centré sur la guitare multiforme de Kawabata est décomposé en deux parties. Un premier long titre improvisé malmené mais sans l’extrêmisme jusqu’au boutiste d’Acid Mother Temple, dans une version plus tempérée et nuancée, qui fait avancer la puissance dévastatrice cachée de Kawabata et pour se permettre ainsi des ébats sporadiques fougueux mais sans embrasement, un hymne incantatoire très réussi.

C’est cette partie qui constituera le meilleur moment, la deuxième étant une reprise assez libre et allumée du lourdeau Smoke on the water, la discotheque mythique de Kawabata est une caverne qui habite des références assez éclectiques : du jazz extrême, de l’improvisation libre, du psychédélisme en plein freak out et aussi, donc, du hard rock bien baveux. Pas convaincu par ce énième versant du personnage, par ailleurs physiquement fascinant aussi bien par l’expressivité de son visage serein de Mongol atavique que par son non look improbable, un créateur touche à tout à l’aise dans des domaines très divers dont certains nous ont été présentés à l’occasion de cette soirée.

La clôture de la soirée se fait sur Acid Mother Temple, ce collectif étant par définition à géométrie variable, la formation ici est assez différente de leur prestation de 2002. La musique principalement improvisée autour de quelques thèmes prenant une forme totalement contrainte par les individus présents dans le groupe (sans aller jusqu’à l’improvisation pure du Damo Suzuki Network). Ainsi contrairement à leur démonstration sonique et enflammée du Batofar un peu lassante à la longue, la musique du AMT se fait beaucoup moins lourde en laissant beaucoup moins de place aux seuls soli déchainés de Kawabata. Celui ci oscillant entre des utilisations assez diverses de sa guitare mais sans se vouloir cette fois ci démonstratif à l’écoeurement tout en conservant cette puissance et énergie sans garde fou qui font la renommée d’Acid Mother Temple depuis quelques années.

Ce psychédélisme ne cède pas aux paradis artificiels pour proposer un voyage cosmique où chacun à sa place et où les émotions sont à fleur de peau dans une communication sans masturbation au sein du collectif artistique.
Belle démonstration malheureusement assez courte : l’effet festival reprend ici ses droits pour écourter la soirée, pour conclure sur un "au revoir" où on se demande quel coté de la scène se moque de l’autre.

Le terme festival est bien sûr au final une plaisanterie des Japonais pour nous offrir une soirée étonnante, dépaysante et ravigorante à défaut d’être aussi passionnate que l’on aurait pu s’y attendre, la brieveté des concerts et la demi ruine manquante y étant pour quelque chose.

C’est trop bête vous auriez dû venir.

 

Loopkin         
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