20 ans, 10 albums, 2 lives et 2 compiles, voilà des chiffres qui parlent d'eux-même. Les Têtes Raides sont certainement un des trois groupes français les plus intègres et les durables dans le temps. 20 ans et pas une ride comme le prouve le dernier né Banco.
Quelques changements de personnel sont passés par là (le dernier en date, le départ de Lulu, batteur et bien plus) mais la bande de Christian Olivier est toujours fidèle à sa philosophie et à sa ligne de conduite. Moins tendu que son prédécesseur, la nouvelle galette est plus mélodique et acoustique. Mais chez les Têtes Raides, le calme apparent n'est souvent qu'un leurre.
L'engagement n'est jamais loin et c'est plutôt salvateur à l'heure de la politique spectacle et des mesures honteuses. Ainsi, les accents méditerranéens de "Expulsez-moi" nous proposent une magnifique piqûre de rappel sur la condition des sans-papiers près de huit après "L'iditenté". Les années passent mais les questions sociales restent. Les Têtes Raides gardent le cap nous le rappelant avec conviction en chansons ou dans le cadre du KO social. Militantisme sans démagogie, engagement sans embrigadement, indépendance tout simplement.
Quand on regarde en arrière la discographie des Têtes Raides, la première chose que l'on puisse dire c'est qu'elle a de la gueule. Banco ne dépareille pas loin de là. Chaque album du groupe est une pièce unique, une nouvelle pierre participant à l'oeuvre globale.
Avec Banco, les Têtes Raides nous offrent onze titres excellents. La poésie des textes, véritable marque de fabrique, ravit nos oreilles. Le monumental "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier", tiré d'un texte de l'auteur suédois Stig Dagerman est un des moments forts. Cette chanson de vingt minutes, loin d'être poussive, est construite autour de ce texte fort clamé par un Christian Olivier impeccable. Comme souvent, les amis sont invités à la danse. Le joueur de luth Hakim Hamadouch, compère de Rachid Taha est de la partie, tout comme la petite soeur Olivia Ruiz sur le tonique "Plus haut".
Certains instruments font également leur grand retour après une pause sur Fragile. "On s'amarre", "Tam tam" et "J'ai menti" font ainsi la part belle au piano à bretelle. Le délicat "Les autres" invite de nouveau les guitares nylons bien que les guitares électriques reprennent du service sur "Banco".
Les Têtes Raides nous livrent un excellent album. Une fois de plus me direz-vous. Plus accessible, ce dernier rejeton ravira celles et ceux qui n'ont pas pu (ou su) adoper les radicaux Qu'est-ce qu'on s'fait chier et Fragile.
En cette période de Noël, vous tenez là un cadeau qui ravira plusieurs générations. Avec les Têtes Raides, une nouvelle fois, on dit banco...
|