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Elysée Montmartre  (Paris)  10 décembre 2003

On peut décomposer un concert de John Cale en sept phases dinstinctes :

Première phase : A peine arrivé dans la salle quelque chose cloche. On note facilement qu’on n’est pas aux Transmusicales de Rennes vue la raréfaction des têtes d’iroquois teints en bleu au profit des casques d’argent et autres tignasses grisonnantes. La moyenne d’âge de l’Elysée Montmartre en prend en effet pour son grade. L’attente du début du concert se fait donc sans première partie mais avec la sérénité de celui qui ne craint pas d’être trop chahuté dans le pogo. Ceci dit on a souvenir d’une concert de New Order où les trentenaires restaient des gros bras mais cette fois-ci on peut dire sans jeunisme déplacé qu’on reste assez rassurré de ce côté.

Deuxième phase : John Cale s’installe sur la scène. Au delà de sa présence un peu irréelle, dandy comme jamais, c’est sa voix qui sidère, sa tessiture et son aura donne corps et incarne les premières chansons sans même besoin de guitare (le gallois a en effet réussi à casser une corde dès le premier accord). Celui ci a l’air assez mal à l’aise et apparemment victime de difficultés techniques, ce qui constraste avec l’assurance de sa voix qui contrôle le concert tout en le troublant.

Troisième phase : John Cale prend en main son violon et entame les arrangements malsains et lancinants de "Venus in Furs". Il n’est pas question de comparer la perversité des intonations de Lou Reed au stoicisme de Cale, évidemment que la reprise est à des années lumières de l’original mais on est hypnotisé par ce mouvement de poignet de Cale qui donne vie à cette bizarrerie sonore traumatique qui rythme la chanson et qui prend sous nos yeux une réalité matérielle.

Quatrième phase : Par déclic le masque tombe comme on voit le spectre du Velvet s’évanouir autour du pantalon en cuir de Cale, on est en train de se demander si on a bien fait d’être là : il est vrai qu’on croit peu à ces vieux de la vieille qui continuent des années après leur pinacle à essayer de rester sur scène et faire le boulot : Love, Macca, Dylan, New Order, les Pixies… heu non les Pixies c’est pas pareil ça ne compte pas... Quoiqu’il en soit les raisons de se passionner pour John Cale en 2003 parraissent à ce moment là assez douteuses. La machine tourne un peu à vide et en pilotage automatique, les morceaux et les arrangements ennuient un peu à vrai dire, on en vient à se demander si ce n’est pas David Byrne qui est devant nous.

Cinquième phase : Quelque chose est en train de se passer, on essayait de se persuader de la misère musicale que déjà des fissures apparaissent, de bizarreries sonores et des emportements de Cale surgissent : un cri, un étranglement, des structures de chanson foutues de travers ou sérieusement atypiques! Les penchants avant-gardistes de Cale retrouvent leurs réflexes (à la base il est arrivé à NY pour jouer de la musique expérimentale avant de rencontrer Lou), maltraitent le format en naviguant dans un mélange de genre intriguant, on est surpris et happé par ses propositions. Par moment même si le chapeau du Captain Beefheart n’est pas visible, l’esprit qui l’habite se promène et rompt le train-train que l’on croyait nous emmener à la fin de ce concert. Cale a encore quelque chose à proposer et n’est pas ici que pour le cachet, on se remet à y croire et à sourire.

Sixième phase : On entre alors dans le rythme de croisière du concert : mêmes les titres un peu classiques trouvent grâce à nos yeux, on ne s’ennuie pas, on est bien, sans complexe et sans fantôme. C’est ici que prendrait place une chronique de concert digne de ce nom.

Septième phase : Fin de concert après un énième rappel avec notamment "Hallelujah" de Cohen qui nous confirme que cette chanson glace le sang même deux octaves en dessous de l’interprétation de Jeff. On s’étonnera, de Paris à Milan, de ne pas avoir entendu le "Pablo Picasso" de Richman, Cale étant sans doute encore vexé que Lenoir ait glorifié deux jours plus tôt la version de Bowie.

Mais au final en restant dans des références de ce siècle, on n'est pas déçu par les compositions de John Cale et ces interprétations sur scènes valent largement le détour.

C’est trop bête vous auriez dû venir.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Bataclan 72 de Lou Reed, John Cale & Nico
La chronique de l'album Music for a New Society / M:FANS de John Cale
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# 1er décembre 2024 : de quoi se réchauffer

En attendant l'avant-dernière Mare aux Grenouilles de l'année le 6 décembre, voici notre sélection culturelle de la semaine.

Du côté de la musique :

"Cartoon Darkness" de Amyl and The Sniffers
"Day After Day" de Cy
"Reboot" de Harun
"Hydropath" de Isil Bengi
"Dummy light in the chaos" de Montañita
"O Days" de NLF3
"Nouveau Ministère" de Planterose
"Silence the night" de Sang Froid
"Drag N'Fly" de The Dynamics

et toujours :
"Secte" de 1=0
"Country" de Baptiste W Hamon
"French Manhattan" de L'Ambulancier
"Après le déluge (et autres illuminations d'A. Rimbaud)" de Les Enfants d'Icare
"Mégaphenix" de Mustang
"The good kind" de Our Girl
"Come ahead" de Primal Scream
"The day lady Rachel died" de Sacha Gordon & The Weird Orchestra
Interview de Sophie Darly autour de son album "Slow down fast"
Nouvel épisode "L'enfance - Partie 2" de la nouvelle saison du Morceau Caché !

Au théâtre :

"After Show" au Théâtre du Rond-Point
"For Gods Only" au Théâtre du Rond-Point
"Tu connais la chanson ?" au Théâtre Le Funambule
"Yvonne ou ma génération Y" au Théâtre La Flèche

et toujours :
"Dialogues de bêtes" au Théâtre Le Lucernaire
"Body concert" au Théâtre du Rond-Point
"Iphigénie à Splott" au Centre Wallonie-Bruxelles
"Psychodrame" au Théâtre de Suresnes Jean Vilar
"Tribu Nougaro" au Théâtre Hébertot
"La chute de la maison Usher" au Théâtre Darius Milhaud

"n degrés de liberté" au Théâtre de Belleville
"Lumière !" au Théâtre Le Lucernaire
"Pauvre bitos ou le diner de tête" au Théâtre Hébertot

des reprises :
(des pièces déjà chroniquées qui reviennent à l'affiche, atttention, parfois c'est dans un théâtre différent)
"L'Art d'être bête" au Théâtre de Poche Montparnasse
"Toutes les choses géniales" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"Comment va le monde ?" à Théâtre Essaïon
"66 jours" à La Scala
"Intra Muros" à La Pépinière Théâtre
"Des ombres et des armes" à La Manufacture des Abbesses
"Changer l'eau des fleurs" au Théâtre Lepic
"Je m'appelle Erik Satie comme tout le monde" au Théâtre Le Funambule Montmartre

Du côté de la lecture :

"Les opérations de la Seconde Guerre mondiale en 100 cartes" de Jean Lopez, Nicolas Aubin & Benoist Bihan
"Ecrits sur le cinéma" de Pauline Kael
"L'héritière" de Gabriel Bergmoser
et toujours :
"De cendres et de flammes" de Kate Mosse
"Histoires de la seconde guerre mondiale" de Jean Lopez & Olivier Wieworka"Dernier meutre au bout du monde" de Stuart Turton
"Sparte contre Athènes" de Manuel Rodrigues de Oliveira

Aller au cinéma ou regarder un bon film :

"Slow Pulse Boys, the story of And Also The Trees de Sébastien Faits-Divers & Alexandre François
"Au Boulot !" de Gilles Perret et François Ruffin
"Le repli" de Joseph Paris
"Rivière" de Hugues Hariche
"Les oubliés de l'amérique" et autres films de Sean Baker
"Terrifier 3" de Damien Leone
"Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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