Laissé pour compte de la chanson française, aux cotés de Mendelhson, Bertrand Betsch et bien d'autres, Superflu n'a même pas essayé, j'en suis sûr, de jouer la carte de la confusion en se glissant au milieu des albums de Superbus.
Il faut dire que la supercherie aurait vite été remarquée. Un coup pour que les mamans de notre chère jeunesse portent plainte pour avoir pris la place sur leur platine de la jolie demoiselle Ayache et son wagon de niaiseries sonores.
Désenchantés et inspirés, les textes parlent (encore, diront certains, mais encore différemment, leur répondrais-je) de l'amour et de la mort. Qui plus est de fort belle façon dans l'ensemble, comme sur "Je vais plutôt bien" ("je vais plutôt bien / je pense toujours à la mort / je bois moins / je t'aime fort" ou encore "la chance" qui donne son titre à l'album ("la chance / c'est que le gras du bide ne te dégoute pas / une chance que le dessin des rides / deviennent doux sous tes doigts"), très beau duo qui revisite la chanson d'amour qui, pour une fois, n'est pas une déclaration à sens unique. Belle idée, presque aussi sexy que "Je t'aime moi non plus", version quinquagénaire.
Passons tout de même sur le pseudo tube "Quand homme blanc coupe du bois" vampirisé par cette vieille blague de l'indien qui prédit l'hiver...
Plaisanterie mise à part, le duo homme femme fonctionne parfaitement et les morceaux chantés à une voix ne sont pas en reste avec la nonchalance masculine renvoyant directement à Tue Loup ("Le vide est de retour") et l'élégance féminine proche d'une Barbara Carlotti sur le fil du rasoir ("Chamaloc").
Musicalement, c'est intimiste et chaleureux. Pas d'effet tape à l'oeil, seulement quelques codes ici ou là, quelques envolées de guitares comme des ponctuations, des ambiances. La chance sonne juste de bout en bout, mélancolique et dense.
Superflu est totalement indispensable. Ce nouvel album s'intitule donc La chance. Souhaitons que Superflu en ait pour la suite de sa carrière. Quant à nous, profitons de celle de pouvoir écouter ce disque. |