Cabaret de pièces courtes sur des textes de Georges Courteline, mise en scène de Sébastien Rajon, avec Antoine Cholet, Maline Cresson, Jonathan Frajenberg, Frédric Jessua, Marjorie de Larquier, Aurélien Osinski, Frédéric Ozier et Stéphanie Papanian.
La jeune Compagnie acte6, fondée par des comédiens issus du Studio 34, a choisi comme ligne artistique de placer l’acteur au centre du processus artistique pour dévoiler les complexités de l'humain.
Dans ce cadre, après Ibsen et Genet, en ce début d'année, elle investit le Théâtre Athénée-Louis Jouvet avec pas moins de deux spectacles qui rendent hommage à deux auteurs du début du 19ème siècle et lui permettent d'explorer deux registres du théâtre populaire.
D'une part, le grand guignol avec "L'homme qui a vu le diable" de Gaston Leroux qui se joue en fin de semaine et en fin de soirée dans la très adéquate salle voûtée Christian Bérard.
D'autre part, le caf'conc avec "Les courtes lignes de Courteline", un très réussi spectacle de cabaret composé d'un montage de pièces courtes de Georges Courteline et de chansons contemporaines de son époque issue d’un répertoire réaliste, comique et grivois.
De "L'amour des hommes" au "Gros chagrin", de "L'honneur des Brossarbourg" à l'"Avant après" des bords de Marne, de "Mon p'tit objet" à "Le tango stupéfiant", la troupe de comédiens-chanteurs-musiciens rompus aux diverses disciplines présentent, sous la direction soutenue et alerte de Sébastien Rajon, un spectacle populaire, intelligent et divertissant avec un judicieux dosage du rire et de la dimension profondément tragique du propos.
Car Courteline, peintre lucide et satirique des travers mesquins de ses contemporains, épingle avec un humeur acide et ravageur le quotidien des couples de toutes classes sociales qui n'en finissent pas de s'écharper. Point de grands sentiments ni de somptueuses passions mais de triviales scènes de ménage dans lesquelles les belligérants même s’ils se détestent et parfois se méprisent, même s’ils se rabrouent et parfois s’injurient, finissent toujours par mettre de l’eau dans leur vin pour assurer la suite du feuilleton des déboires conjugaux.
Incarnant tous plusieurs rôles, et avec un réel esprit de troupe et une belle dynamique, les comédiens sont tous enthousiasmants. Frédéric Ozier, maitre es interprète de chansons grivoises assure brillamment les intermèdes, Frédéric Jessua et Aurélien Osinski dispensent des duos désopilants qui confinent à l’absurde et Antoine Cholet et Marjorie de Larquier excellent dans le vaudeville "épicier" pendant que Stéphanie Papanian se montre aussi à l'aise dans la midinette avec Jonathan Frajenberg, la grande bourgeoise que "Sous les palétuviers" avec Frédéric Jessua et que Maline Cresson est une épatante petite fleur de bitume.
Que de bonnes raisons donc pour leur consacrer une soirée.
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