Double actualité pour Gérard Garouste en ce début d'année 2008.
La première, plutôt inattendue, ludique et enthousiasmante : Gérard Garouste joue, au Théâtre du Rond Point, le peintre funambule de mots avec comme complice le comédien Denis Lavant dans un spectacle drolatique intitulé "Le Classique et l'Indien".
La seconde, plus évidente tout en étant novatrice, consiste en l'exposition, à la Galerie Daniel Templon, de ses oeuvres récentes qui, pour la première fois, traitent de manière explicite l'intime.
Avec "La bourgogne, la famille et l'eau tiède", Gérard Garouste lève le masque pour une mise à nu du temps passé, une recherche du temps jamais perdu, à peine enfoui, vu avec les yeux de l'homme à l'aube de l'automne de sa vie.
Un passé fondateur dont les souvenirs heureux ("Casso") comme les événements dramatiques ont nourri sa peinture.
Une peinture figurative de la mémoire, une peinture fantasmagorique et symbolique qui infère une résonance avec celle de Chagall.
Une peinture syncrétique et baroque, profondément charnelle, qui puise dans les grands mythes de l'art et de la littérature et s'inscrit résolument dans la tradition classique. tel le diptyque "Isaie d'Issenheim").
Avec ses dernières toiles, Gérard Garouste écrit, à sa manière, sa propre mythologie peuplée d'épisodes traumatiques qui éclate dans des huiles monumentales à la palette ténébreuse ("Chartres").
Cette autobiographie picturale raconte en fresques narratives luxuriantes des moments de vie, des histoires d'humanité, éclairées d'autoportraits grotesques, d'avatars picaresques et de figures anamorphiques.
Le temps présent a aussi droit de cité avec un époustouflant triptyque de ses proches, sa femme et ses fils, ("Logique") et des personnages janusiens avec une figure siamoise, celle de Denis Lavant.
La boucle est bouclée. La sagesse reste bouillonnante. Danser encore entre le compas et l'entonnoir... |