Alors que l'on tente de plus en plus de nous noyer sous un flot d'images de tout ordre et de partout, il est une tendance musicale, bien que pas nouvelle, qui semble se dégager ces derniers temps et qui voudrait nous les faire imaginer, les images, plutôt que de les subir.
Idée aussi belle qu'ambitieuse, que de prétendre titiller vos sens par le son pour les emmener vers l'image.
Comme toute bande son qui se respecte, Life is elsewhere se compose majoritairement de musique et de peu de mots. Heureusement d'ailleurs car un texte impose souvent plus une ambiance que la musique la suggère. Et à ce titre, les morceaux chantés rompent un peu le charme des autres (exception faite de "Goodnight and god bless you" tout en douceur).
Les titres des morceaux (vous me suivez ?) sont en revanche suffisamment concis et clairs pour nous mettre sur la bonne piste. "Last exit Brest by night", "disco Ouessan" ou "Blue lights at dusk" sauront captées sans peine votre imagination (Robin Foster est anglais mais vit depuis pas mal d'années en Bretagne).
Dès le premier morceau ("Last exit Brest by night"), le ton est donné et ne variera qu'en de rares occasions. Robin Foster évolue dans un registre post rock noir et dense que l'on rapproche volontiers de Mogwai ou, dans une moindre mesure, de GY!BE.
De longues montées mélodiques cèdent la place à des explosions de guitares avant que le calme ne revienne. Un procédé pas révolutionnaire mais efficace quand il est utilisé, comme ici, avec talent.
On se rapproche parfois des ambiances d'un autre talentueux post rockeur, Mathieu Lozinguez, auteur il y a quelques mois du très bon King Kong was a cat lui aussi conçu comme une bande son de film.
"Down" fait partie de ces rares moments chantés faisant basculer la noirceur générale vers une vague disco pop méchante mais la voix trop "minet" dénote avec le texte ("I want to shoot you down"). Dans note film imaginaire, on pourra toujours dire que c'est le moment où le héros dans un regain d'espoir vain et de colère justifiée aura décidé de prendre son destin en main et de se libérer de ses chaines. Mais à la fin, il est re-triste, "Don't let me down, shoot me" supplie-t-il à gorge enfin déployée.
"Life is elsewhere" remet les choses en place, on sombre dans le sombre sur cette mélodie aux accents de Tubular Bells.
Quant à "Save the cheerleader", référence rigolote à la série Heroes, si ce n'est pas le titre le plus percutant aurait bien pu se trouver à illustrer les aventures de ces surhommes dans une ambiance effectivement hésitante entre héroisme et noirceur.
Au final, cet album est une belle réussite et même si les post rockeux purs et durs crieront au déjà entendu, on passe un bon moment plein de suspens et d'angoisse avec Robin Foster. Mission accomplie donc. L'électro rock inquiétant "D.a.d.o.e.s" devrait vous convaincre définitivement.
Life is elsewhere, peut-être, mais en attendant les men in black, sachez que la musique est belle et bien, là.
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